Manifestation de locataires de la résidence HLM des Coteaux du Forest et de soutiens de la CNL 05 devant le siège de l'OPH05 à Gap, le 24 novembre 2022.

Qui doit payer la rénovation énergétique des logements sociaux?

Rénover les passoires thermiques dans les HLM est un enjeu majeur. Mais qui doit payer ?

C’est un chantier titanesque qui s’annonce pour les offices HLM. Selon l'Union sociale pour l’habitat, près de 1,8 million de logement sociaux classés G, F et E doivent être rénovés d’ici 2034 sous peine d'être interdits à la location. Coût annoncé : plus de 100 milliards d’euros de travaux en quinze ans.

Dans les Hautes-Alpes, deux résidences de l’Office public de l’habitat, le principal bailleur social, viennent d’être réhabilitées à Gap, permettant des économies d’énergies massives : 58 % pour les Cèdres et 78 % pour les Farelles. Mais le coût de cette rénovation – environ 11 millions d’euros – sera en partie répercuté sur les loyers des locataires. Suite à notre sujet sur cette rénovation, la Confédération nationale du logement des Hautes-Alpes a tenu à réagir aux propos de Carole Chauvet, présidente de l’OPH05.

Récemment élu représentant des locataires pour la CNL05 au conseil d’administration du bailleur social -la CNL05 a remporté deux des quatre sièges dédiés-, Yann Mathieu est par ailleurs locataire des Cèdres. Il dénonce une absence de concertation sur les travaux de rénovation, ainsi que sur l’augmentation de 5 % des loyers.

Vous demandez aux pauvres de contribuer à la rénovation énergétique de leurs bâtiments pour améliorer le patrimoine de l’OPH. Mais les gens quand ils vont quitter l’OPH, c’est perdant-perdant pour eux. (…) Et puis on nous dit qu’il y aurait une hypothétique économie sur les factures, mais vu l’envolée des factures pour électricité, l’économie au final ne va pas avoir lieu.

En cas de travaux de réhabilitation, « l'autorité administrative peut autoriser, pour une durée qu'elle détermine, un organisme » à augmenter les loyers pratiqués, dans la limite de 5%, en plus des réévaluations annuelles. Mais, avant toute décision, le bailleur doit, selon la loi, organiser une réunion d'information des locataires. Ainsi qu’une concertation avec les représentants des locataires portant «  sur la consistance et le coût des travaux, leur répercussion prévisible sur les loyers ou les charges locatives. »

Le nouveau représentant de la Confédération nationale du logement dans les Hautes-Alpes a donc un message pour les bailleurs sociaux.

Si les gens vivent dans la frustration la rénovation énergétique, surtout dans les HLM et chez les gens qui sont en précarité, ça va mal se passer. Car vous allez dégoûter les gens.

Yann Mathieu relève par ailleurs d’importants problèmes suite à cette rénovation : des entrées d’air froid dans les logements via les VMC, à cause, selon lui, des ballons d’eau chaude thermodynamiques installés. Ainsi que des VMC placées trop haut dans les cuisines pour pouvoir être nettoyées.

Les nouveaux interphones ne semblent pas non plus adaptés. Ces derniers renvoient sur une application installée sur le téléphone portable ou le fixe, ce qui pose un sérieux problème pour les locataires, en fracture numérique, qui n’ont pas de téléphone.

Contactée, la direction de l’OPH05 n’a pour l'instant pas donné suite.

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000038833892