Eau potable : comment Ambitions pour Gap veut peser dans les décisions stratégiques d’approvisionnement
Jeudi 6 avril, Ambitions pour Gap a réuni plus de 150 personnes lors d’une réunion publique sur l’alimentation en eau potable de Gap. Le groupe d’opposition veut désormais peser dans le choix d’un scénario censé garantir un accès à l’eau de manière pérenne.
La situation semblait s’être débloquée l’année dernière, mais elle s’est de nouveau grippée depuis la décision du maire Roger Didier de contester en justice un vote du SIENAD (Syndicat Intercommunal d’Exploitation de la Nappe Alluviale du Drac) fin 2022. Ce vote devait entériner définitivement le choix d’un scénario pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable de la ville de Gap après des années de tergiversation durant lesquelles la rupture a été évitée de justesse à deux reprises.
Le groupe Ambitions pour Gap avait invité le consultant Marc Laimé à cette réunion publique pour faire émerger des solutions qui débloqueraient cette situation. Cet ancien journaliste spécialisé accompagne désormais des collectivités sur la gestion de l’eau potable et de l’assainissement. Après avoir reçu et étudié des documents de travail en amont pour s’emparer du sujet, Marc Laimé a passé vingt-quatre heures à Gap. Un passage bref mais ponctué de nombreuses réunions de travail avec le groupe d’opposition, à l’issue desquelles Marc Laimé avait embrassé cette situation de blocage avec un regard large, prenant en compte l’histoire du bassin gapençais.
Alors que le prélèvement actuellement en place dans le Drac pour approvisionner la ville de Gap se fait sans autorisation de la part de l’ARS, alors que les Gapençais encourent un réel risque de rupture d’alimentation en eau potable, la population peut-elle saisir la justice ? La question a été posée lors de la dernière réunion publique. Mais la méthode ne convainc pas Marc Laimé.
Cette impossibilité de parvenir à un consensus entre les élus gapençais et ceux du Champsaur, Marc Laimé la qualifie de « blocage institutionnel ». Pour sortir de cette impasse, il préfère croire en la mobilisation citoyenne. La seule selon lui à pouvoir faire émerger une solution privilégiant l’intérêt général sans que l’on puisse la soupçonner d’être sous l’influence de lobbies, et donc capable de faire consensus de la part de la population comme des élus.
Première piste d’action préconisée : prendre à contre-pied les acteurs institutionnels avec des actions de communication originales.
Deuxième piste, créer une « conférence de consensus » dont la légitimité ne pourrait être contestée, afin de peser dans les décisions.
Après un an de travail sur cette problématique locale, Ambitions pour Gap est sorti de cette réunion publique ragaillardi par le nombre de personnes présentes, preuve selon le groupe d’opposition que le sujet de l’eau peut mobiliser les Gapençais. Si la conférence de consensus n’est pas exclue à ce stade, la quantité de travail qu’elle implique incite Ambitions pour Gap à rechercher dans un premier temps de nouvelles personnes pour gonfler ses rangs.
Un appel à rejoindre des groupes de travail a déjà réuni 50 personnes. En parallèle, le groupe d’opposition a adressé un courrier au préfet des Hautes-Alpes pour demander un rendez-vous afin d’évoquer la prise d’eau des Ricous, actuellement hors cadre légal car sans autorisation sanitaire de prélèvement pour un usage d’eau potable. Le préfet a accusé réception du courrier mais la date du rendez-vous n’est pas encore fixée.