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Hautes-Alpes : les syndicats agricoles obtiennent gain de cause sur l’utilisation de produits phytosanitaires en zones Natura 2000

Jeudi 7 novembre, les deux principaux syndicats agricoles étaient mobilisés à Gap pour porter des revendications locales. Une quinzaine de tracteurs s’est rendue à la préfecture pour rencontrer le préfet et les service de l’État. À l’issue de deux heures d’échange, la FDSEA et les JA 05 ont été assurés que l’utilisation des produits phytosanitaires dans des vergers situés en zones Natura 2000 ne serait pas encadrée.

Les zones Natura 2000 sont un réseau européen de sites naturels censés permettre une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité dans les activités humaines. En France ils couvrent près de 13 % du territoire terrestre1. Depuis novembre 2022, un décret prévoit que les préfets encadrent ou interdisent l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sur les zones Natura 2000, dont certaines comprennent des exploitations agricoles, rappelle Laurent Gabet, arboriculteur sur la commune de Ventavon et vice-président FDSEA.

Lors du zonage de ces zones il y a une vingtaine d’années, on y a inclus des vergers et des terres agricoles. Nos revendications elles étaient simples : la modification du zonage Natura 2000 et pas de contraintes supplémentaires pour les agriculteurs qui travaillent à l’intérieur de celles-ci

Dans un communiqué la préfecture des Hautes-Alpes confirme que le préfet « sollicitera une révision du zonage Natura 2000 sur le secteur de la Durance ».

Sauf que cette procédure se joue au niveau européen. La SAPN-FNE05 comme la Confédération Paysanne se disent sceptiques sur l’aboutissement d’une telle démarche. Elles ne voient pas les ministères solliciter l’Europe pour une centaine d’hectares de zones Natura 2000 dans les Hautes-Alpes, et analysent la réponse du préfet plus une stratégie pour diluer la colère des agriculteurs qu’une vraie victoire pour les syndicats majoritaires.

La préfecture indique en revanche dans le même temps « qu’il n’y a pas lieu d’édicter des restrictions supplémentaires » en matière d’utilisation des produits phytosanitaires sur les zones Natura 2000, assurant que « les efforts déjà réalisés par la profession et les mesures de protection prises suffisent à remplir les objectifs définis pour les zones Natura 2000 ». Un point de vue que défend Laurent Gabet.

Aujourd’hui, tous les arboriculteurs sont HVE 3. C’est un cahier des charges fixé par l’État, auquel on adhère sur la base du volontariat. On accepte de réduire l’utilisation de pesticides au profit de moyens plus naturels et biologiques. Mais on ne s’interdit pas le recours à la chimie puisque par moment on en a besoin. Or, pour les vergers situés en zones Natura 2000, il faudrait qu’on abaisse toutes ces matières chimiques. Aujourd’hui dans les vergers c’est impossible.

La FDSEA 05 insiste également sur la faible part que représentent les zones agricoles : 110 hectares dans la vallée de la Durance, 15 hectares dans la vallée du Buëch, soit 0,1 % des 180 000 hectares de zones Natura 2000 que compte le département.

Pour la Confédération Paysanne 05, le problème est pris à l’envers. Thomas Raso est maraîcher à Rosans et co-porte-parole de ce syndicat agricole.

En fait, peu importe les zones Natura 2000 ou non, à la Confédération Paysanne on défend un projet d’agriculture qui peut permettre de sortir à moyen terme des pesticides. D’abandonner totalement tous les pesticides de synthèse car on connait leurs dégâts sur la santé humaine et sur l’environnement. Pour cela, on exige qu’il y ait un accompagnement hyper fort des politiques publiques. Parce que les solutions on les a mais il faut mettre le paquet pour les réaliser sur le terrain. Et aussi, un accompagnement financier qui soit à la hauteur pour compenser les pertes de rendement qui peuvent arriver les premières années.

Les élections professionnelles agricoles se clôtureront le 31 janvier 2025, on peut donc s’attendre à une intensification de la présence des syndicats sur le terrain dans les prochains jours. Et de fait, Laurent Gabet précise bien que l’action de ce jeudi était en quelque sort un tour de chauffe appelant d’autres mobilisations. Pour cette première action, conduite indépendamment du national, la FDSEA s’est volontairement concentrée sur les sujets locaux explique l’arboriculteur.

Sur des mouvements nationaux, on sera inaudibles sur ces petits sujets-là. C’est la raison pour laquelle on a prévu une première petite manifestation pour dire aux services de l’État « écoutez, c’est la première mais on va revenir ». Là on va discuter local et vous avez les réponses.

Prévenue la veille et pas conviée à la mobilisation, la Confédération Paysanne a invité en retour la FDSEA et les JA 05 et d’autres syndicats agricoles à porter des revendications communes dans une sorte d’intersyndicale, sur au moins deux points, qui, selon elle, peut réunir toutes les sensibilités.

Tout d’abord, sortir des traités de libre-échange et arrêter la négociation pour les nouveaux traités comme le MERCOSUR car cela met en concurrence les paysans et fait chuter les prix. Deuxième point : obtenir un prix minimum garanti pour tous les produits agricoles qui corresponde au prix de revient de nos productions et à un revenu paysan décent.

Questionné, Laurent Gabet indique que le syndicat se positionnera avec ses adhérents quand la demande lui parviendra de manière formelle. La Confédération Paysanne 05 précise avoir envoyé sa proposition en local mercredi.

Il faudra très certainement attendre les consignes de la Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles pour que les antennes départementales relaient leurs positions.

1 https://www.natura2000.fr/natura-2000/qu-est-ce-que-natura-2000