Gap : y a-t-il vraiment une « forte demande » de vidéoprotection aux abords des écoles ?

Le 27 septembre, le conseil municipal de Gap a voté une délibération autorisant l’installation de vingt-neuf caméras de vidéosurveillance devant les écoles et huit au parc de la Pépinière, portant à près de 450 leur nombre total au sein de la ville. L’opposition questionne l’utilité d’un tel déploiement tandis que la FSU-SNUipp, premier syndicat des enseignants des écoles, dément qu’une demande émanerait du corps enseignant comme l’a affirmé la majorité.

« Quand votre satiété sera-t-elle comblée sur ce thème-là ? » interroge le conseiller d’Ambitions pour Gap Nicolas Geiger en séance du conseil municipal. Expliquant être « sceptique » sur leur utilité, il demande également à la majorité des statistiques qui permettraient d’objectiver sur leur pertinence. Selon Eric Mantoya, conseiller délégué à la gestion de la vidéoprotection, la police refuserait de communiquer ces chiffres. En revanche, ce dernier assure que ce déploiement répond à une demande forte.

Extrait du conseil municipal du 27 septembre :

Eric Mantoya : Le problème viennent de la garde d’enfants entre parents divorcés, de la sécurité extérieur aussi, avec des enfants qui sont livrés seuls le soir, etc. Nous voyons une forte demande, donc au fur et à mesure on a été obligé de le mettre en place.

Nicolas Geiger : Demande qui venait de qui ?

Eric Mantoya : Du corps enseignant, de parents d’élèves.

Mais pour Floriane Imbert, co-secrétaire de la FSU-SNUipp 05 contactée par ram05, les remontées de terrain disent autre chose.

Les caméras, ce n’est pas ce qui est demandé. En tout cas pas prioritairement. Donc ce que l’on aimerait savoir de la part du maire et de son conseil municipal, c’est quelles sont leurs sources pour dire : « on va mettre des caméras parce que les enseignants ont besoin de sécurisation ». Si demande de sécurisation il y a eu, en général, c’est plutôt en rapport avec le plan de mise en sûreté […]. C’est vrai que pour faire face aux intrusions, les écoles ont souvent des difficultés à mettre quelque chose d’efficace. Par exemple si un portail fait un mètre, quelqu’un peut passer par-dessus et s’introduire dans l’école et on a beau mettre en place ce plan, on sait que dans les faits il est difficilement réalisable. Je pense que souvent, ce que les enseignants souhaitent, c’est pouvoir mettre en place un plan de mise en sûreté qui soit réalisable.

« Ne peut-on pas augmenter la présence des policiers sur place ? » questionne Elie Cordier. Le jeune élu du groupe Gap Autrement prend pour exemple un plan de la Région de recrutement et d’extension des horaires des agents présents devant les lycées pour désamorcer certains conflits grâce à un travail de médiation, ou par leur simple présence. Le maire, Roger Didier, s’est dit prêt à étudier cette option, en émettant toutefois des doutes sur sa faisabilité.

Ce que nous avons essayé de mettre en place, ce sont des personnes qui contrôle le passage à la sortie des écoles. Le problème c’est que quand vous avez une demi-heure le matin à la rentrée, une demi-heure à 11h à la sortie, rebelotte l’après-midi […]. On en a quelques-uns mais il n’y a pas un enthousiasme débordant pour avoir des horaires comme ça. Donc pour le moment nous n’avons pas envisagé ce genre de recrutement, mais je veux bien l’étudier.

Contactée par ram05 pour obtenir des statistiques concernant la résolution d’enquêtes via la vidéoprotection, la Police Nationale des Hautes-Alpes a indiqué ne pas avoir d’informations à communiquer à ce sujet. En 2018 une étude menée par le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli concluait que « l’aide qu’apporte réellement la vidéosurveillance à la police et la gendarmerie concerne entre 1 et 3 % de leurs enquêtes », et questionnait donc la pertinence de ce genre d’investissement.