Renard roux : nuisible ou utile ?
Le renard roux n’est pas un animal nuisible, selon la Société alpine de protection de la nature, qui a lancé il y a quelques mois une pétition pour demander son retrait de la liste des espèces susceptible d’occasionner des dégâts.
Le renard roux, la pie bavarde ou encore le geai. Ces animaux sont considérés comme nuisibles, ou plutôt comme des ESOD, pour « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ». Dans les faits, cela signifie qu’ils peuvent être chassés quasiment toute l’année et qu’ils peuvent être piégés avec par exemple des pièges à mâchoires, des cages ou des pièges à lacets. Pour le renard roux, des battues peuvent aussi être organisées. Sauf que pour la SAPN-FNE05, ce classement ne prend pas en compte l’utilité du renard roux pour préserver la biodiversité. Alain Girodon est membre de la SAPN-FNE05, il siège également à la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage – la CDCFS.
Dans les prochains mois, c’est une fenêtre de tir qui se présente puisque dans chaque département, la liste des ESOD va être examinée par la CDCFS qui fera ensuite des propositions au ministère de la Transition écologique. L’échéance est fixée au 1er juillet 2022, date à laquelle les nouvelles listes ESOD seront fixées dans chaque département par arrêté ministériel. Alain Girodon voit donc dans cette échéance une occasion.
Car après la biodiversité, le monde agricole est l’autre victime de la disparition des renards roux. Ces-derniers sont les prédateurs des campagnols, qui ravagent les cultures et surtout les prairies. Dans son rapport disponible sur le site Internet sapn05.org, la SAPN-FNE05 cite le collectif Renard roux Doubs qui a estimé à 25 centimes d’euros par campagnol le coût de la lutte contre ce petit rongeur. « Sachant qu’un renard peut consommer jusqu’à 6 000 rongeurs/an, le montant du service rendu est donc de 1 500 euros par an », écrit la SAPN-FNE05.
Dans les Hautes-Alpes, environ 1 000 renards roux sont tués chaque année. Et pas plus tard qu’au printemps dernier, le magazine Espace alpin, publié par la Chambre d’agriculture 04/05, relatait dans un article les témoignages d’éleveurs du territoire Blanche-Serre-Ponçon, qui ont vu leurs prairies ravagées par les campagnols. Certaines parcelles étaient détruites à 70 %. Or, pour lutter contre ces petits rongeurs, agriculteurs et éleveurs ont recours à des poisons, dont le plus efficace est le bromadiolone, qui est interdit depuis janvier 2021. Malgré cette interdiction, cette situation qu’Alain Girodon juge « contre-productive » perdure.
Pour toutes ces raisons, la SAPN-FNE05 espère réussir à faire sortir le renard roux de la liste ESOD au 1er juillet 2022. L’objectif n’est pas impossible à atteindre puisque dans le département, les communes de La Grave et de Villard d’Arene ont déjà déclassé le renard, sur autorisation préfectorale. Une pétition est notamment en ligne sur le site sapn05.org.
