« Pastoraloup » : des bénévoles pour épauler des éleveurs dans la protection des troupeaux
Miser sur la « solidarité » pour faciliter la coexistence entre le loup et le pastoralisme. C’est le pari de l’association FERUS avec son programme Pastoraloup, créé en 1999. Il permet à des bénévoles de se porter volontaires pour soutenir éleveurs et bergers dans la protection de leurs troupeaux. Portait d’une éleveuse et d’un bénévole tous deux habitués de ce programme.
Ingrid Briclot et André Morel élèvent des brebis au col des Sagnes à Thuriers, une zone fortement exposée à la prédation depuis le retour du loup dans les Alpes.
Après cette attaque, les éleveurs participent pour la première fois au programme Pastoraloup en accueillant des bénévoles pour l’installation de clôtures électriques. Depuis, plusieurs dizaines de volontaires sont venus prêter main-forte sur l’exploitation.
Forestier à la retraite, Hervé Pechin est abonné à Pastoraloup depuis 10 ans. Chaque été, il effectue une mission de deux semaines dans les Alpes pour épauler sur des exploitations, le plus souvent pour de la surveillance de nuit.
Dans ses nombreuses expériences, Hervé Pechin s’est aussi essayé à la sensibilisation auprès de randonneurs au côté d’un troupeaux gardé par sept patous. Cette fois pour limiter les dérapages entre chiens de protection et les usagers des sentiers.
Les bénévoles en mission acceptent nuits hachées et hébergement sommaire. Hervé Pechin préfère avertir, Pastoraloup n’est pas de tout repos.
Ceci étant, Hervé Pechin rappelle qu’il n’a aucune d’obligation de reconduire ses missions tous les ans. S’il le fait, c’est avant tout parce qu’il y prend un réel plaisir.
Depuis 1999, quelques 800 bénévoles se sont succédés sur les alpages. Sur les exploitations concernées, les taux d’attaques et de prédation sont proches de zéro dans des zones pourtant exposées au loup selon l’association FERUS.
Par ailleurs militant pour l’écologie, Hervé Pechin fait remarquer que son investissement dans ce programme est pour lui un bon moyen de contrer les procès parfois faits aux écologistes, jugés « déconnectés de la réalité du terrain » par certains éleveurs. La preuve, ce militant a toujours entretenu de bonnes relations avec les éleveurs et bergers qu’il a assistés dans la mesure où, précise-t-il, « on est utile, et on n’est pas venu pour leur faire la leçon ou de grands discours sur l’écologie. »
De son côté Ingrid Briclot souligne l’aide réelle que représente la présence d’un bénévole Pastoraloup.
Au-delà de faciliter la coexistence du loup et du pastoralisme, Pastoraloup favorise donc aussi la « cohabitation » entre militants écologistes et éleveurs mis en difficulté par la prédation.
Cependant, le bénévolat Pastoraloup n’a pas vocation à être intégré de manière pérenne sur une exploitation. « Il peut être un bon moyen d’accompagner les éleveurs le temps qu’ils trouvent un système qui leur permette de mieux supporter la pression de la prédation. » explique l’association FERUS. Cas classique : un éleveur qui prend de jeunes chiens de protections peut faire appel à des bénévoles le temps que ses chiens soient bien formés. Plus généralement, Pastoraloup doit permettre de « répondre à des situations d’urgence ou temporaires » ou encore à des « failles ». Exemple : un éleveur qui connaît suffisamment les alpages pour anticiper une pression trop importante sur telle période de l’année peut répondre à cette « faille » par la présence d’un bénévole durant une quinzaine de jours.
Le cas d’Ingrid Briclot illustre bien comment la solidarité bénévole-éleveur peut sauver une exploitation de la prédation, et donc rendre viable le pastoralisme malgré la présence du loup.
Toute personne intéressée – éleveur ou bénévole – pour participer au programme peut solliciter FERUS au 07 50 69 98 90 ou à l’adresse pastoraloup@ferus.org (l’association recherche particulièrement des éleveurs). Une fois les éleveurs et les bénévoles mis en relation, une convention de surveillance établie par FERUS est signée pour « bien définir les rôles de chacun », couvrir l’éleveur en cas de contrôle et assurer le bénévole. L’association précise qu’il est demandé à l’éleveur de participer aux frais de nourriture du bénévole et de mettre à disposition un point d’eau et un abri en cas de fortes intempéries.