Nouvelle Politique Agricole Commune, les grandes exploitations conservent le "PACtole"

Vendredi dernier le ministre de l’agriculture a présenté les grandes lignes de la nouvelle Politique Agricole Commune, cette subvention de l’Union Européenne à l’agriculture réévaluée tous les 5 ans. Si à sa création la PAC suivait comme principal objectif la souveraineté alimentaire, ses orientations actuelles portent aussi sur le verdissement des pratiques agricoles. En l'état, la nouvelle PAC est "une catastrophe" pour la Confédération Paysanne et les ONG de défense de l'environnement.

Une des particularités de la PAC 2023-2027 est qu’elle laisse plus de latitude aux Etat Membres pour élaborer des « plans stratégiques nationaux ». Autre particularité, la volonté affichée de favoriser une agriculture plus vertueuse pour l’environnement. Mais les grandes orientations présentées par le ministre de l'agriculture ont d’emblée suscité un tollé chez la Confédération Paysanne, ou les signataires de l’appel « Pour une autre PAC », pour qui les mesures présentées maintienent un statu quo en termes de maintien et de création d’emplois et de soutien aux pratiques écologiques. Véronique Dubourg, paysanne et co-porte parole de la Confédération dans les Hautes-Alpes, rappelle les principales attentes de la Confédération.

Le principal combat de la Confédération Paysanne pour une meilleure répartition des aides se situe dans les aides proportionnelles aux hectares cultivées par les exploitants. Il faudrait selon Véronique Dubourg les plafonner pour mettre fin à la course à l'agrandissement des fermes.

La co-porte parole de la Confédération déplore le "solutionisme technologique" prôné par le gouvernement, qui voit la technologie et notamment le numérique des opportunités de moderniser et verdir l’agriculture française. Mais selon Véronique Dubourg, cette évolution technologique se fait au détriment de l'emploi et sans considérer l'ensemble des impacts environnementaux des technologies numériques.

Les ONG et organisations paysannes dénoncent par ailleurs l’élargissement de l’accès aux « écorégimes » aux exploitations certifiées « Haute Valeur Environnementale », un label controversé, aux larges critères d’attribution et qui sera aidé au même niveau que l’Agriculture Biologique, pourtant plus exigeante.

Après des dialogues infructueux avec le ministre de l’agriculture, les organisations prévoient une mobilisation jeudi 27 mai à Paris. Localement, la Confédération des Hautes-Alpes appelle les élus locaux à signer la tribune "Nous voulons une PAC pour des territoires vivants !"

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/21/les-arbitrages-de-la-france-pour-la-future-pac-suscitent-de-vives-crispations_6081088_3234.html