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Loup : population, prédation, tirs... Le point sur les chiffres

Le président du département des Hautes-Alpes a annoncé en début de semaine faire appel de sa condamnation à 10 000 € d'amende dont 5 000 € avec sursis pour "détention, transport et cession d'une espèce protégée", dans l'affaire de la queue de loup. Ce dossier a fait resurgir l’éternel débat de la cohabitation prédateur-pastoralisme. L’occasion de faire le point sereinement sur les chiffres : la prédation augmente, le nombre de loups tués aussi, et la population lupine approche d’un point de fragilité.

Historiquement présent partout en France, le loup a été progressivement éradiqué par l’homme à cause de ses dégâts sur les élevages, et a totalement disparu de l’hexagone dans les années 1930. Le statut d’espèce protégée obtenu aux niveaux national et international un demi-siècle plus tard lui permet de s’étendre à nouveau, et il réapparaît ensuite dans notre pays en 1992, en provenance d’Italie.

Depuis, l’aire de répartition du loup en France ne cesse d’augmenter, pour atteindre l’hiver dernier environ 80 zones occupées par une meute, plus une vingtaine de zones de présence d’individus isolés. Le prédateur est surtout implanté dans le sud-est du pays. Dans les Hautes-Alpes, le dernier recensement fait état d’une quinzaine de meutes, installées sur l’ensemble du département.

La prédation en augmentation

Une expansion qui se traduit par des dommages croissants sur les troupeaux. Depuis la fin des années 2000, le nombre d’animaux tués par des loups dans les élevages a plus que quadruplé en France, passant d’environ 3 000 à près de 12 500 en 2019. Ces victimes sont en quasi-totalité des moutons, et représentent 0,2 % du cheptel ovin français, chiffré à 7,2 millions de têtes en 2018.

Concernant notre département, les pertes subies ont été multipliées par deux en 5 ans, pour atteindre 1 500 animaux tués en 2019. Les conséquences sont des souffrances autant économiques que psychologiques chez les éleveurs.

L'intensification des tirs sur le loup

Pour limiter ces dégâts, l’État met en place, grâce au Plan Loup, une série de mesures pour protéger les troupeaux face au prédateur et pour aider les agriculteurs à se défendre en cas d’attaque. Dans ce cadre, il est prévu, en dernier recours, de pouvoir déroger à la protection du loup, via différents types de tirs par arme à feu, qui peuvent aller du simple effarouchement jusqu’au « prélèvement », c’est-à-dire à la mort du prédateur.

Ainsi, 105 loups ont été tués par l’homme l’année dernière en France, dont 17 dans les Hautes-Alpes. Le plafond autorisé a été multiplié par deux entre 2018 et 2019, passant de 50 à 100. Il est de 110 pour 2021.

La fragilisation de la population de loups

Dans le même temps est observé une cassure dans l’évolution de la population lupine en France : le nombre de loups semble s’approcher d’un plateau. L’Office Français de la Biodiversité (OFB) a alerté les pouvoirs publics à ce sujet dans un rapport publié en novembre dernier.

Depuis 2016, les effectifs augmentent en effet nettement moins vite que précédemment, ce qui conduit à une population d’environ 580 individus en France l’année dernière. Conséquence : les modèles démographiques présentent désormais la possibilité d’une population en décroissance. De plus, un autre paramètre s’est dégradé ces dernières années, celui du taux de mortalité moyen. Il est passé de 26 % avant 2014 à 42 % ensuite, et se rapproche ainsi du seuil au-delà duquel la population va décliner. Problème : la réglementation en cours impose une croissance positive de cette population.

« Plusieurs signaux vont dans le sens d’une dégradation de la dynamique de la population de loups », alerte en conclusion l’Office Français de la Biodiversité. Des signaux « à mettre en parallèle avec [...] les prélèvements qui se sont intensifiés au cours des dernières années ». « Nous recommandons une attention particulière à la révision de la politique de gestion de l’espèce », conclut l’OFB.

En clair, si rien ne change, la population de loups pourrait à nouveau décliner en France dans les prochaines années.