Le projet « Clean Mont-Blanc » étudie la présence de microplastiques sur les glaciers alpins
« Il neige du plastique ». Cette formule choc du quotidien « Le Parisien » en 2019 pourrait trouver un nouvel écho dans une étude menée actuellement par l’association Aqualti sur 18 glaciers alpins. En 2019, une nouvelle étude avait effectivement documenté la présence de microplastiques dans des précipitations neigeuses. Le projet Clean Mont-Blanc s’intéresse cette fois aux glaciers.
On le savait présent dans les mers et les rivières mais la présence des microplastiques en altitude est très peu documentée. C’est pour cette raison que le projet Clean Mont-Blanc a choisi les glaciers comme objet d’étude. Frédéric Gillet est directeur de l’association Aqualti et chef de projet Plastilac et Clean Mont-Blanc.
Les particules recherchées par l’équipe de Clean Mont-Blanc sont plus fines que l’échelle de « 5mm maximum » souvent utilisée pour désigner les microplastiques, puisque le projet cible uniquement les particules susceptibles d’être transportées par les masses d’air, de l’ordre de 50 à 150µm, soit l’épaisseur d’un cheveu.
Si celle-ci est avérée, la concentration des particules sur les glaciers serait extrêmement faible, presque un « bruit de fond », indique Frédéric Gillet, d’où une attention particulière à ne pas « polluer les mesures » à travers le protocole expérimental.
L’hypothèse la plus probable est que ces particules proviennent de l’atmosphère et soient déposées sur les sommets. Frédéric Gillet cite le phénomène de « neige orange » régulièrement constaté dans les Alpes, avec des flocons chargés en particules de sable en provenance du Sahara, à 2 000 km de distance. Il faudra attendre la fin de l’étude pour attester de la présence de ces particules dans les glaciers mais le directeur d’Aqualti a peu de doutes sur les résultats.
Les glaciers haut-alpins n’ont pas été analysés, en revanche le projet Plastilac a étudié le réseau des « Lacs sentinelles », situés dans l’arc alpin et dont certains se situe sur le département. Eloignés toute source de pollution, l’analyse de ces lacs avait pourtant révélé la présence systématique de particules plastiques. Selon Frédéric Gillet, ces résultats témoignent d’une “contamination diffuse planétaire aux particules plastiques ».
Reste également à documenter l’impact des microplastiques sur les écosystèmes. Car les études nombreuses sur le sujet n’ont pas encore dégagé de consensus explique de directeur d’Aqualti pour qui en tout cas une chose est sûre : ceux-ci n’ont rien à faire dans ces milieux et il faut travailler à la source pour les réduire.
10 tonnes de plastiques sont produites chaque seconde dans le monde, dont la moitié est à usage unique. « une marge de manœuvre importante » pour réduire son usage estime Frédéric Gillet, qui prend pour exemple le sur-emballage des produits alimentaires.
Le projet Clean Mont-Blanc étudie les glaciers suivants :
Bossons, Taconnaz, Bionnassay, Miage, Tré-la-Tête, Lée Blanche, Miage (Italien), Brenva, Frebouze, Triolet, Pré de Bar, Dolent, A Neuve, Saleina, Trient, Tour, Argentière, Arveyron
L’équipe de Clean Mont-Blanc :
Frédéric Gillet, Olivier Kressmann, David Gateuille, Peter Gallinelli, Nicolas Zimmerman, Dorothée Adam, Jean-Baptiste Bosson, Christophe Rubin
Partenaires et financeurs :
Fondation Sauvain Petit-pierre, SCOTT Sports, Fondation Eau Neige Glace, Picture Organic Clothing,
Dolomite