L’Argentière la Bessée : la Blanchisserie Nouvelle détruite par un incendie, le risque de pollution chimique écarté
Jeudi 6 juin, un incendie de grande ampleur a ravagé une entreprise dans la Zone des Sablonnières à l’Argentière la Bessée. Initialement, les secours craignaient un risque de pollution atmosphérique et de la Durance du fait des produits stockés dans le bâtiment, mais les mesures réalisées et la conception du bâtiment ont permis d’écarter cette hypothèse. Retour sur l’opération.
Vers 20 heures, plusieurs personnes ont signalé au Centre Opérationnel de Gap un départ d’incendie sur la Blanchisserie Nouvelle. À trois-cents mètres du bâtiment en flamme, les sapeurs-pompiers du Centre d’Incendie et de Secours de l’Argentière ont été engagés avec deux objectifs initiaux, explique le Lieutenant Colonel Pierre Collier, Chef du Groupement Territorial Nord.
Déjà, éviter la propagation du feu vers tous les bâtiments artisanaux, des menuiseries, on a aussi un secteur où il y a l’école de musique, il y a la menuiserie des Compagnons du Devoir, il y a pas mal de choses […] Et deuxièmement, assurer la protection d’une cuve de gaz, qui alimentait la blanchisserie, qui était soumise au rayonnement.
Lieutenant Colonel Pierre Collier, Chef du Groupement Territorial Nord du SDIS 05
Rapidement, le risque de propagation aux bâtiment environnants est enrayé, et grâce à la montée en puissance des renforts – jusqu’à vingt-sept véhicules et cinquante-deux pompiers au plus fort de l’intervention, un troisième objectif est fixé.
L’objectif du risque chimique avec ses dérivés. D’abord un panache de fumée très très noire qui était au-dessus du bâtiment et après il fallait surveiller les eaux d’extinction puisqu’on sait que dans une blanchisserie il y a des produits. [Il fallait donc surveiller] la pollution atmosphérique et les eaux d’extinction qui partent dans le pluvial et à la Durance, et également répertorier des produits chimiques qui étaient dans ce bâtiment-là. Ceux qui étaient soumis à l’incendie et ceux qui ne l’étaient pas.
Lieutenant Colonel Pierre Collier, Chef du Groupement Territorial Nord du SDIS 05
L’Unité Risque Chimique a effectué des mesures au niveau de la buse par laquelle s’écoulait l’eau projetée sur le bâtiment. Aucun produit chimique n’y a été détecté, indique le Chef du Groupement Territorial Nord. De même, une recherche de pollution atmosphérique en plusieurs points de la commune a permis de conclure à une absence de polluants.
C’est notamment la conception du bâtiment en deux parties qui a permis de maintenir les produits à l’abri des flammes et des fortes températures, explique le maire de l’Argentière la Bessée Alain Sanchez.
Le bâtiment était aux normes, donc avec un cuvelage et des locaux prévus pour le stockage de produits – entre guillemets dangereuses parce que c’est de la Javel, donc avec de l’enveloppe, des bacs de rétention qui sont pompables. Tout ce bâtiment-là a résisté puisqu’il est fait pour ça. La température intérieure n’est pas montée au-dessus des vingt degrés. Il n’y a eu aucune atteinte à tous ces fûts qui étaient entreposés là-dedans. Les fumées noires sont dues à, en fin de compte, ce qui s’est consumé. Pour en avoir discuté hier avec le directeur, ils avaient actuellement des couettes en polyester. Alors forcément c’est du plastique mais au niveau des prélèvements qui ont été effectués sur la commune – puisque tous les secteurs de la commune ont été prélevés – il n’y avait aucune trace de CO2 et aucune trace de COV [Composants Organiques Volatiles].
Alain Sanchez, maire de l’Argentière la Bessée
Constatant que la température se maintenait à vingt degrés dans cette partie en béton, les pompiers ont fait le choix de laisser les produits sur place plutôt que de prendre le risque de les extraire du bâtiment. Contactée, la préfecture des Hautes-Alpes confirme que les produits étaient bien stockés dans une partie du bâtiment spécialement conçue pour le stockage de matières dangereuses, s’appuyant à la fois sur les constats du SDIS 05 et ceux de la DREAL, antérieurs à l’incendie. Ainsi, poursuit la préfecture, on a davantage affaire « un incendie de bâtiment contenant des matière combustibles classiques (textile), dont certaines peuvent bruler facilement ce qui peut expliquer la violence du feu et sa propagation [qu’à] un contexte d’accident chimique. » De plus, les eaux d’extinction ont pu être progressivement confinées grâce à l’obturation des grilles restantes d’évacuation des eaux de ruissellement. Les services de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités, de la protection des populations va contacter les gérants de l’entreprise, qui emploie une quarantaine de salariés, pour mettre en place un service de soutien, notamment via une activité partielle durant la période de fermeture.
En dehors du bâtiment de l’ordre de 2 000 m², détruit par les flammes, les dégâts matériel ont pu être limités grâce à l’action des pompiers, explique le Lieutenant Colonel Pierre Collier.
Dès que j’ai pu, avec l’arrivée des moyens, on a fait rentrer du personnel dans cette partie bétonnée où il y avait les bureaux, pour récupérer tout ce qui était disques durs informatiques, classeurs, tout ce qu’on a pu sortir en urgence des bureaux. Parce qu’on sait très bien que lorsqu’une entreprise est soumise à un incendie comme ça, bien souvent elle peut redémarrer rapidement ou relativement rapidement, si elle a gardé ou sauvegardé pas mal de données et qu’on a pu les préserver.
Lieutenant Colonel Pierre Collier, Chef du Groupement Territorial Nord du SDIS 05
Au-delà des seules conséquences pour l’entreprise et ses salariés, le maire de l’Argentière la Bessée rappelle que la Blanchisserie Nouvelle assure le blanchiment du linge de maison pour de nombreux hôtels du Briançonnais ainsi que celui de l’hôpital de Briançon. L’extinction de l’incendie a duré neuf heures, puis une surveillance du bâtiment a été assurée. Un employé a été légèrement blessé en effectuant des aller-retour pour évacuer des sortir du bâtiment afin de les mettre à l’abri des flammes. Il a été pris en charge par le secours médical puis l’hôpital de Briançon mais aucune conséquence grave humaine n’est à déplorer.
Une enquête pour déterminer l’origine du sinistre a été ouverte par le parquet de Gap, a confirmé la Procureure de la République Marion Lozac’hmeur.