La Grave : le permis de construire pour le troisième tronçon est délivré
Depuis le 3 avril dernier, l’arrêté délivrant le permis de construire pour le projet de troisième tronçon de téléphérique de la Grave est affiché en mairie. La SAPN FNE 05 avait fait savoir dès mi-mars que lorsque ce serait le cas, elle attaquerait le projet en justice en raison de son impact environnemental. L’occasion de revenir sur les enjeux économiques et écologiques d’un projet qui divise au sein de la commune et des Hautes-Alpes.
À La Grave, le téléski permettant d’atteindre le dôme de la Lauze est condamné. Sur ce point, promoteurs et pourfendeurs du projet s’accordent. Car, comme l’indiquait le directeur marketing et communication de la SATG (la société qui exploite les remontées mécaniques de la Grave et porte ce projet), « la pente du glacier s’est creusée avec le réchauffement climatique […] [ce qui] oblige à des travaux pharaoniques pour maintenir la piste de montée du téléski. » (lire notre précédent article ici).
David Le Guen, directeur marketing et communication de la SATG, revient sur les objectifs de ce troisième tronçon.
Le bilan carbone de la situation actuelle, avec un accès au dôme du Lauze via le téléski, laisse à désirer. 50 000 L de fuel consommés chaque année pour aménager la piste et faire fonctionner le téléski, selon la SATG. C’est l’un des principaux arguments avancés par David Le Guen.
Le statu quo n’est plus souhaitable. Reste donc deux options : la fermeture, ou l’ajout d’un troisième tronçon au téléphérique existant. En prolongeant le téléphérique, la SATG estime pouvoir diminuer de 92% ses émissions de gaz à effet de serre. À partir de la 13e année d’exploitation, le bilan carbone incluant les émissions du chantier deviendrait positif par rapport au maintien en l’état. L’emprise sur le glacier serait également diminuée, fait valoir David Le Guen, de l’ordre de deux tiers de surfaces damées en moins.
Mais pour la SAPN FNE 05, le prisme de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffit pas, il faut prendre en compte l’impact de l’arrivée d’une nouvelle clientèle, moins « experte », dans un écosystème préservé et fragile.
La SAPN FNE 05 reproche également à l’inventaire naturaliste d’avoir omis une fleur protégée, l’androsace du Dauphiné pourtant présente sur le site, sur l’un des éperons rocheux qui accueillera l’un des pylônes explique Bernard Patin. Impossible pour la SAPN FNE 05 que les travaux ne la détruisent pas. Ce que conteste David Le Guen. Un alpiniste a effectivement contacté une androsace du Dauphiné, un chercheur du CNRS l’a par la suite identifiée, puis a transmis les coordonnées GPS à la SATG, qui assure pouvoir mettre en œuvre des mesures suffisantes pour la protéger.
La SAPN FNE 05 conteste le projet au fond, mais aussi dans la forme, ce qui donne un deuxième angle d’attaque à l’association. Selon Bernard Patin, l’enquête publique ne s’est pas déroulée dans des conditions permettant un rendu « neutre ». Il évoque tout d’abord le déroulement des réunions publiques.
Bernard Patin assure par ailleurs que les arguments avancés par les associations de défense de l’environnement lors de l’enquête publique n’auraient pas été repris.
A la parution de cet article, la SAPN FNE 05 n’avait pas encore eu connaissance de la publication de l’arrêté autorisant le permis de construire. Elle n’a donc pas encore confirmé que le projet serait attaqué en justice. Mais sa dernière communication à la presse datant de mi-mars ne laisse que peu de doute sur ce point.