La rocade de Gap contourne une nouvelle difficulté
La ville de Gap se félicite de la décision de l’État, fin mars, de l’autoriser à porter la maîtrise d’ouvrage déléguée pour la réalisation des sections sud et nord de la future rocade.
Je pense que c’est un évènement suffisamment important, que je peux qualifier d’historique, puisque nous allons pouvoir, je l’espère, prouver aux services de l’État qui nous apportent leur confiance, que nous sommes capables de réaliser cette voie de contournement.
Roger Didier
Pour comprendre pourquoi cette annonce de l’État est une bonne nouvelle aux yeux de Roger Didier, il faut revenir un peu en arrière.
Et même beaucoup en arrière, presque un demi-siècle.
Rappelons tout d’abord que la rocade doit mesurer 9 km et contourner la ville par le nord et l’ouest. Elle est divisée en trois sections : la section nord, vers Embrun, entre le carrefour de Varsie et Pont-Sarrazin ; la section sud, vers Marseille, dans la zone des Eyssagnières, du carrefour du Sénateur au quartier Belle Aureille ; et la section centrale, entre le carrefour du Sénateur et celui de Varsie.
C’est en 1977 que naît le premier avant-projet de la rocade de Gap. Dans les années 90 et 2000, la ville acquiert du foncier en vue de la section centrale. En 2007 paraît une approbation ministérielle de l’avant-projet sommaire du contournement. Le chantier de la section centrale démarre en 2015 mais connaît des perturbations deux ans plus tard à cause d’un glissement de terrain dans le Val de Bonne. En 2020, le carrefour du Sénateur est mis en service, et l’année suivante c’est au tour de la section Sénateur – Aurouze. Fin 2021, le tracé de la section sud est choisi via une concertation publique.
Concrètement, aujourd’hui seule la construction de la section centrale a été entamée. Une portion a été ouverte en tant que desserte inter-quartiers.
Toute la question est : qui réalise les travaux ?
Roger Didier tient à le rappeler : la rocade sera une route nationale, donc gérée par l’État. Et ce sont bien les services de l’État qui sont en charge du chantier actuel de la section centrale. Ce dernier devrait coûter au total 56 millions d’euros et se terminer en 2025.
Mais le maire de Gap en est convaincu : la commune peut réaliser les travaux plus rapidement et pour moins cher.
La ville est une structure beaucoup plus légère que l’État. Donc, avec nos moyens, je ne désespère pas d’avoir un budget qui sera limité à 60 millions d’euros pour les deux sections, mais également de gagner un peu de temps pour la réalisation de ces travaux.
Roger Didier
60 millions d’euros pour les deux sections restantes, soit presque autant que pour la seule section centrale : c’est ce qu’ambitionne Roger Didier. Quant à la durée des travaux, il entend la « raccourcir d’une petite décennie » et la fixe au plus tard à 2030.
C’est cette demande, que la ville de Gap puisse elle-même réaliser les travaux à la place de l’État, que le maire a plaidé lors d’un rendez-vous auprès du préfet de région le 20 mars dernier. Une requête qui lui a été accordée, ce que Roger Didier qualifie donc d’« historique ».
Quelles seront les prochaines étapes d’ici 2030 ?
La section centrale, on l’a dit, devrait être terminée en 2025.
Sur la section sud, le dépôt des demandes d’autorisations est prévu pour cet été, le démarrage des phases d’enquête est planifié pour la fin d’année, et les travaux devraient débuter en 2025 et durer deux ans. Une réunion publique doit se tenir en juin prochain pour faire le point à ce sujet.
Enfin, pour la section nord, des études d’opportunité sont en cours. La population sera ensuite appelée à choisir un tracé entre plusieurs scénarios. Des études seront enfin réalisées par la ville avant un démarrage des travaux envisagé en 2027, pour une durée de deux ans.
Reste à boucler les financements.
L’an dernier, lors d’une visite à Gap, l’ancien premier ministre Jean Castex a acté une enveloppe de 20 millions d’euros de la part de l’État.
Roger Didier entame maintenant des négociations avec la région et le département.
Il va falloir que j’arrive à convaincre la région d’ajouter 20 millions d’euros, et le département d’abonder de 10 millions d’euros. Et bien évidemment, la ville de Gap apportera 10 millions d’euros.
Roger Didier
Pour terminer, le maire de Gap rappelle pourquoi ce contournement de la ville lui paraît indispensable.
Il n’est pas logique que la métropole des Alpes du Sud, de 42 000 habitants, ne puisse pas permettre au transit, qui n’a rien à faire dans notre ville, de la contourner. Toute la journée, quotidiennement, ce sont des dizaines et des dizaines de poids-lourds, de tonnage très fort, qui traversent le centre-ville de Gap, avec les risques que cela comporte, mais également un préjudice que subissent mes concitoyens en matière de santé. Cette pollution est inacceptable. Tout cela, en grande partie, sera détourné grâce à la rocade.
Roger Didier
Selon Roger Didier, la rocade devrait délester le centre-ville de 15 à 20 % de son trafic.