Dans la centrale de Serre-Ponçon © Médiathèque EDF

Crue du 1er décembre : comment la retenue de Serre-Ponçon a limité la casse en aval en stockant massivement l'eau entrante

Alors que la crue du 1er décembre a été dévastatrice dans le Guillestrois, l’aval a été relativement épargné. Le barrage de Serre-Ponçon a joué un rôle clé pour limiter les dégâts tout au long de la Durance.

Les pluies intenses ont débuté vendredi 1er décembre en fin de journée mais les équipes d’EDF étaient sur le pont dès le matin pour anticiper cet épisode qui s’est avéré beaucoup plus important que les prévisions, explique Pascale Sautel, directrice concession pour EDF Hydro Méditerranée. Elle décrit le caractère inédit de cette journée pour les équipes du barrage.

On a eu des débits qui ont augmenté de manière très significative dans la journée de vendredi et qui ont atteint un pic autour de minuit avec 1150 m3/s entrants dans la retenue de Serre-Ponçon. [...] Ces débits-là, on ne les avait pas connus depuis 1957.

Pascale Sautel, directrice concession pour EDF Hydro Méditerranée

Il existe deux règles d’or pour l’exploitation d’un barrage électrique détaille Pascale Sautel. Ne pas dépasser un niveau maximal de sécurité - 780 m pour le barrage de Serre-Ponçon - et ne jamais risquer une submersion d’ouvrage. Or, au maximum 360 m3/s peuvent s’écouler par les conduites et les groupes de la centrale soit trois fois moins que ce qui entrait au plus fort de l’épisode. Pourtant, à aucun moment le barrage n’a été contraint d’effectuer des lâchers d’eau. Car quelques semaines avant la crue EDF avait abaissé le niveau du lac d’environ 2 mètres, augmentant sa capacité de stockage. La hauteur a été entièrement reprise lors de la crue, limitant considérablement les débits en aval. Et les dégâts.

Les deux-tiers de ces importants volumes ont été stockés dans la retenue. Au plus fort de cet épisode, Serre-Ponçon prend 10 cm/h puisqu'elle a cette capacité à stocker ces importants débits et donc à en limiter l'impact à l'aval.

Pascale Sautel, directrice concession pour EDF Hydro Méditerranée

Aujourd’hui les débit sont largement redescendus, mais EDF Hydro Méditerranée reste vigilante car d’importantes quantités de neige sont tombées en altitude. Si les températures augmentaient, les débits pourraient eux-aussi croître du fait de la fonte, observe Pascale Sautel.

La crue du premier décembre pourrait bien être une crue centennale. La caractérisation de ces phénomènes prend du temps, explique Pascale Sautel, c’est pourquoi EDF ne peut encore l’affirmer avec certitude, même si les débits entrants dans le lac de Serre-Ponçon semblent accréditer cette hypothèse.