Inauguration de la baignade artificielle au camping municipal de Crots, le 8 juillet 2023 © Commune de Crots

Crots : une baignade artificielle pour garantir un point d'eau aux campeurs

Samedi 8 juillet, la municipalité de Crots a inauguré une « baignade artificielle » au sein de son camping municipal. Une nouvelle phase de travaux est envisagée pour le transformer en une piscine dans les prochaines années. Objectif : garantir un accès à un point d’eau pour les campeurs, alors que la plage de Chanterenne, située en queue du lac de Serre-Ponçon est régulièrement à sec.

L’idée avait déjà émergé dans le précédent mandat mais la commune n’avait pas obtenu de subventions. Le coût du chantier : 270 000€, avait alors dissuadé les élus. Cette fois la commune a reçu le soutien de l’État et du Département - 75 000€ chacun, et de la Région à hauteur de 58 000€, soit un financement extérieur de plus de 80 %. Jean-Pierre Gandois a donc souhaité se jeter à l’eau rapidement pour que la baignade artificielle soit prête dès cet été.

Le camping est une des sources de revenu de la commune importante. L'année dernière, le chiffre d'affaire du camping a vraiment chuté et on s'est dit qu'on n'était pas à l'abri dans les années qui viennent d'autres sécheresses. Donc c'est pour ça qu'on a fait ce projet-là rapidement.

Jean-Pierre Gandois, maire de Crots

Pas à l'abri d'autres sécheresses ? C'est certain. Suite à celle de 2022, des travaux de recherche ont conclu que dans un monde réchauffé de 2°C – ce pourrait être le cas autour de 2050, une telle sécheresse aurait 15 à 30 fois plus de chances de se produire dans l’hémisphère nord par rapport à aujourd’hui, avec deux fois plus de probabilités d’apparaître en Europe centrale et occidentale que dans le reste de l’hémisphère.

Dans ce contexte, équiper toutes les communes d'un point d'eau pour sécuriser des activités touristiques peut s'apparenter à un cercle vicieux, alors que la ressource en eau va considérablement réduire en période d’étiage. Mais le maire fait valoir une quantité d’eau prélevée minime. D’une capacité de 250 m³, la baignade artificielle devrait consommer 750 m³ à l’année, évaporation et renouvellement compris selon Jean-Pierre Gandois. Près de 100 fois moins d’eau consommée que le projet de golf, sérieusement envisagé il y a deux années encore et mis sur la touche depuis, au moins jusqu'en 2026, selon la présidente de la Communauté de Communes de Serre-Ponçon Chantal Eymeoud. 750 m³, c’est aussi la consommation moyenne annuelle de 14 français.

La question de sa provenance se pose également. Cet été, la solution définitive de raccordement n’a pas pu être mise en place, notamment du fait des tourments qui ont conduit les crétorins à devoir retourner aux urnes pour élire un nouveau conseil municipal au printemps. La baignade artificielle a dû être alimentée temporairement par le réseau d’eau potable.

[...] On a été obligé de faire ça en urgence et donc on a branché la baignade sur le réseau d'eau. On souhaite faire un dossier auprès de l'ARS et de l'Agence de l'Eau pour pouvoir utiliser la nappe phréatique pour pouvoir remplir cette zone de baignade, ce qui serait plus normal.

Jean-Pierre Gandois, maire de Crots

Pour l’heure, seuls les campeurs ont accès à la baignade, notamment car une ouverture à un public extérieur obligerait la commune à recruter un surveillant de baignade. Or, ceux-ci sont extrêmement difficiles à recruter en ce moment explique Jean-Pierre Gandois. Pour autant le maire n’exclut pas cette option pour dans les années à venir. Autre évolution possible, la transformation de cette baignade en « piscine » en coulant du béton dans l’emplacement actuel. Une décision qui dépendra du succès que rencontrera la baignade cet été.