Comment le New Deal Mobile contraint les EHS à déménager sans cesse

Début 2018, l’État, l’Arcep et les opérateurs de téléphonie mobile présentaient le New Deal Mobile. Un contrat visant à « résorber les zones blanches » en couvrant 100 % du territoire en réseau 4G afin de censé réduire la fracture numérique territoriale. Mais pour certains, cette décision comporte angle mort : celui de la difficulté pour les personnes présentant des symptômes d’électro-hypersensibilité à trouver des espaces de vie, à l’instar de Philippe Tribaudeau.

Officiellement domicilié à la mairie d’Entrepierre dans les Alpes de haute-Provence, cet homme d’une soixantaines d’année a en fait trouvé refuge au fond d’une vallée située sur la commune et non-couverte par le réseau de téléphonie mobile. Philippe Tribaudeau se décrit comme électro-hypersensible – ou EHS, dès qu’il s‘éloigne des zones blanches il souffre de symptômes aigus.

Conséquence directe du New Deal Mobile, fin janvier, une antenne entrera en phase de test à proximité du campement dans lequel Philippe Tribaudeau est installé. Pour s’éviter une fuite sans fin de zones blanche en zones blanches – qui de toutes façons sont amenées à disparaître, il a engagé des discussions avec les élus locaux et la préfecture afin de trouver un compromis.

Selon Philippe Tribaudeau, les personnes présentant des symptômes aussi aiguës seraient relativement peu nombreuses par département. Il estime que l’État devrait assurer son rôle de protection des personnes en proposant des lieux adaptés aux EHS.

Accompagné par l’eurodéputée drômoise Michèle Rivasi, ce soixantenaire a déposé un référé pour faire entendre sa demande. Parmi les lieux à proximité repérés par les personnes électro-hypersensibles figure le site de Durbon sur la commune de Saint Julien en Beauchêne. Depuis plusieurs années déjà un projet de logements pour personnes EHS y est défendu par Michèle Rivasi.

Notez que dans son dernier rapport au sujet des symptômes d’électro-hypersensibilité, l’ANSES conclut « en l’état actuel des connaissances, à l’absence de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant EHS. »

L’ANSES recommande donc :

– de poursuivre les travaux de recherche

– de soutenir la création d’infrastructures de recherche adaptées pour réaliser des études de suivi à long-terme

– de pérenniser le financement de la recherche sur les effets sanitaires des radiofréquences.