À Embrun, la montagne bouge sous haute surveillance
Depuis plus de 6 ans, le secteur de la Bellotte à Embrun est scruté à la loupe. En cause, un mouvement de terrain particulièrement complexe sur ce quartier résidentiel, qui a déjà conduit plusieurs habitants à quitter leurs maisons.
Pour tenter de comprendre ce phénomène, de suivre son évolution et de le freiner, les études et les travaux se succèdent sur le terrain. La commune a déjà investit « des millions d’euros » dans le suivi de ce dossier, pour lequel des arrêtés « catastrophe naturelle » ont été déposés, et qui est « le plus important pour la municipalité » assure la maire Chantal Eymeoud. Cette dernière rappelle les moyens engagés.
Ce mardi 2 mai se tenait une nouvelle réunion publique pour informer les habitants. Ces derniers sont venus nombreux pour écouter un long exposé technique de la situation délivré par les spécialistes qui étudient le mystérieux glissement de terrain.
Ce dernier est causé principalement par la présence d’eau dans le sous-sol. Depuis 2019, des travaux sont donc réalisés pour limiter aux maximum les infiltrations d’eau. Marie-Pierre Michaud, cheffe du service RTM, Restauration des Terrains en Montagne, de l’ONF 05, qui travaille pour le compte de l’État et de la commune, récapitule les chantiers déjà menés à ce jour.
En parallèle de ces travaux, qui se chiffrent à environ 1,5 millions d’euros, le mouvement du terrain est scrupuleusement observé grâce à un réseau de capteurs GPS appelés « géocubes ». Une trentaine d’entre eux sont installés depuis 2 ans et offrent désormais assez de recul sur la situation.
Des mouvements négligeables ces derniers mois donc. Cela peut être à la fois le résultat des travaux réalisés… mais également de la sécheresse. Les prochaines grosses pluies permettront d’en savoir véritablement plus sur l’efficacité de l’étanchéification du secteur de la Bellotte.
D’autres travaux seront menés d’ici cet automne, de nouveau pour éliminer les infiltrations au niveau de l’amont du torrent de la Bellotte, sous le hameau de Caleyères, pour 500 000 € supplémentaires. Mais pour affiner les interventions et choisir les plus pertinentes, un modèle hydrogéologique du versant va être mis au point. C’est le CNRS, sollicité par la commune d’Embrun, qui planche dessus depuis un an.
Jean-Philippe Manet, directeur de recherche à Strasbourg, et Catherine Bertrand, enseignante-chercheuse à l’université de Franche-Comté, ont ainsi fait le déplacement hier. Cette dernière, hydrogéologue, explique en quoi consistera cette modélisation.
Dans un premier temps, les équipes du CNRS travaillent d’abord à décrire les écoulements des eaux souterraines dans le secteur de la Bellotte. C’est-à-dire comprendre comment s’écoule l’eau dans le sous-sol, et d’où viennent ces masses d’eau. Les hauteurs d’eau dans le sous-sol sont ainsi mesurées, tout comme sa composition chimique. Des études qui confirment la complexité du phénomène embrunais.
Le mot de la fin à la maire d’Embrun, Chantal Eymeoud, qui se veut optimiste.