L'œuvre de Paille « Aquana », par Chloé Blondeau, visible sur le parcours / Photo : Pays d'art et d'histoire

À Arvieux, une balade ludique et artistique fait découvrir l’histoire de l’élevage en montagne

Et de quatre : le Pays d’art et d’histoire Serre-Ponçon Guillestrois-Queyras s’est doté d’un nouveau parcours Sens’action, inauguré mardi. Cette balade ludique installée à Arvieux retrace l’histoire de l’élevage en montagne.

Déjà mis en place à Chorges, Baratier et Eygliers, les parcours Sens’action proposent des petites randonnées familiales à la demi-journée, le long desquelles les enfants recherchent des boîtes cachées contenant des petits jeux et des informations sur le patrimoine local.

Un pan de l’histoire des lieux est mis en valeur sur chacune de ces balades. À Arvieux, les visiteurs de « La Saga de l’herbe » suivront « le cycle saisonnier d’un brin d’herbe » pour découvrir « les savoir-faire autour des prés de fauche », expose Yoann Oliverio, guide-conférencier pour le Pays d’art et d’histoire.

Le parcours nous parle de la manière dont on nourrit les bêtes dans le Guillestrois-Queyras en particulier, mais de manière générale en montagne. À partir d’un brin d’herbe, on va tisser toute l’histoire autour de l’élevage dans le Queyras, particulièrement la récolte du lait, la transformation du lait, pour en arriver à des enjeux plus contemporains comme par exemple l’obtention du label AOP pour le bleu du Queyras.

Yoann Oliverio

Un parcours qui permet aussi d’ouvrir la réflexion sur les problématiques environnementales et de gestion des terres agricoles.

Le Queyras, et en particulier la commune d’Arvieux, sont particulièrement indiqués pour aborder toutes ces thématiques.

L’itinéraire passe devant une ancienne fruitière. Les fruitières sont des endroits où l’on faisait fructifier le lait, pour le transformer en beurre, en fromage, en crème. Le Queyras a fait figure d’exemple à la fin du 19ème siècle puisqu’on y comptait plus de 40 fruitières pour 55 au total dans les Hautes-Alpes. Donc, vraiment, le Queyras méritait qu’on fasse un focus sur cette histoire-là. À Arvieux, il y avait 5 fruitières, une par hameau, et quelquefois en alpage. La fruitière de Villargaudin a la particularité d’être encore debout et d’être bien vivante, puisqu’aujourd’hui elle ne récolte plus de lait mais elle accueille des vacanciers l’été, c’est un gîte qui s’appelle La Fruitière. Et donc on avait envie de mettre à à l’honneur ce lieu.

Yoann Oliverio

Sans compter que des agriculteurs d’Arvieux ont été récemment récompensés pour leur gestion du fourrage : le Gaec Val d’azur a remporté en 2024 au salon de l’agriculture la médaille d’or du concours général des pratiques agro-écologiques, dans la catégorie « prairies et parcours/fauche prioritaire de montagne ».

Dominique Moulin, président de la communauté de communes du Guillestrois-Queyras, qui porte le Pays d’art et d’histoire avec celle de Serre-Ponçon, explique ce qu’apporte le format des parcours Sens’action.

C’est un un format qui s’inscrit vraiment dans l’esprit du Pays d’art et d’histoire : celui-ci s’adresse certes à des touristes, certes à la population locale, mais s’adresse aussi aux familles et à la connaissance de son territoire. Les familles qui jouent ensemble, c’est important, et en plus, quand on apprend des choses sur la vie ancestrale de l’agriculture telle qu’elle était au siècle dernier, et bien on a gagné, on a fait beaucoup de choses.

Dominique Moulin

Pour élaborer ce nouveau parcours, la population locale, et en particulier les associations mobilisées sur le patrimoine, ont été consultées et mises à contribution. Notamment, des artistes et artisans exposent des créations pour des moments de poésie sur le chemin.

Yoann Oliverio décrit le départ de la randonnée.

On part du hameau des Moulins à Arvieux. On y découvre ce qu’on a mis en place : un requiem pour petits engins agricoles. C’est un espace où on a exposé, grâce aux dons de certaines personnes, pas mal de matériel, de petits engins qui sont apparus dans le Queyras au début du siècle et qu’on utilisait jusque dans les années 50, 60. Un habitant de Villargaudin, qui est poète et artiste, a écrit des poèmes en l’honneur de chaque engin. En quelque sorte, ces poèmes sont des petits épitaphes qu’on a disposés sur les engins. Et puis ensuite je ne vais pas tout raconter parce que les enfants sont friands des surprises qu’on découvre sur le parcours, mais on invite notamment les gens à partir à la traite grâce à une installation qu’on a proposée dans le hameau de Villargaudin.

Yoann Oliverio

« La Saga de l’herbe » totalise 3,5 km de distance et 200 mètres de dénivelé, et est recommandée à partir de 6 ans.

À noter que deux autres parcours Sens‘action sont aussi installés en Ubaye, à Saint-Paul-sur-Ubaye et au Lauzet-Ubaye.