La butte ayant remplacé une aile de l'immeuble des Fauvettes à Embrun, détruite suite au glissement de terrain / Photo ram05
30 min La Vie Publique

Glissement de terrain de la Bellotte à Embrun : ce qu’il faut savoir, dix ans après les premières alertes

En 2026, cela fera dix ans que le glissement de la Bellotte, à Embrun, a été détecté. Environ 150 habitations sont impactées, dont huit déjà détruites. Malgré les travaux, l’association des sinistrés s’inquiète : « les maisons s’abîment de plus en plus et le secteur s’étend », affirme l’ADéS. La mairie et l’État assurent pourtant que la partie aval est désormais « stabilisée ».

Travaux et mesures

Pour le service restauration des terrains en montagne (RTM) de l’office national des forêts, l’eau est le moteur du glissement. « Le glissement s’est déclenché parce qu’on avait trop d’eau dans le sol », résume sa cheffe de service dans les Hautes-Alpes, Marie-Pierre Michaud.

Quatre tranches de travaux, pour 2,4 millions d’euros, ont visé à enlever l’eau du sol et empêcher les infiltrations. Une nouvelle intervention est prévue en 2026.

Selon les mesures menées par le service RTM, deux zones se distinguent : l’aval « où la réaction est quasiment nulle » et l’amont où « dès qu’il pleut, ça se remet à bouger ».

Contestation, détresse et attentes

L’ADéS rejette cette analyse et assure que le phénomène s’aggrave. L’association réclame un drainage profond, technique qu’elle juge plus appropriée. Le service RTM a écarté cette option pour l’instant, jugeant son coût, son entretien et ses risques sur les bâtiments trop élevés. Le choix actuel reste surtout de « faire en sorte que l’eau ne s’infiltre pas », insiste le service.

Un litige judiciaire oppose par ailleurs de nombreux habitants à leurs assureurs. « C’est une bataille permanente », soupire Maryse Lombardi, trésorière de l’ADéS. Une trentaine de dossiers devraient connaître une première décision de justice d’ici mars 2026. La dimension humaine est lourde : beaucoup de sinistrés sont âgés, parfois résignés. « Certains disent : je veux mourir dans ma maison », confie Philippe Navier, président de l’association.

Celle-ci reproche aussi un accompagnement insuffisant de la mairie. La commune répond qu’elle reste mobilisée : « on se déplace quand il le faut, on est à l’écoute ». « Nous ferons tout [ce qui est] en notre possession pour contenir ce phénomène », affirme l’adjoint aux travaux Christian Parpillon. L’élu appelle les habitants à signaler toute nouvelle fissure.

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Pour contacter l’ADéS, envoyez un mail à ades.embrun@outlook.fr