Vue aérienne du site de Pralong à Embrun qui accueille notamment une ISDND - Installation de Stockage des Déchets Non-Dangereux © SMICTOM

Serre-Ponçon : bientôt une nouvelle décharge pour continuer d’enfouir les déchets sur place ?

Il y a quelques mois encore, c’était une fin de non-recevoir. Après de nouveaux échanges avec les services de l’Etat, une « opportunité » semble se dessiner pour la création d’une nouvelle décharge à Embrun. Si les études géologiques débouchent favorablement, la collectivité pourrait ainsi garder la main sur l’enfouissement de ses ordures ménagères.

C’était devenu inespéré pour les élus communautaires de Serre-Ponçon qui ne s’attendaient plus à trouver une voie de passage administrative, alors que jusqu’ici les autorisations parraissaient impossibles à obtenir. Créée en 2009 sur le site de Pralong, la décharge dans laquelle sont actuellement enfouies les ordures ménagères (poubelles tout-venant) sera pleine en 2030. Ensuite, l’unique solution aurait consisté à les transporter jusqu’au site du Beynon à Ventavon, utilisé par toutes les autres collectivités des Hautes-Alpes. « L’opportunité de créer une nouvelle décharge à proximité de la première est apparue il y a quelques mois », se réjouit Chantal Eymeoud, présidente de la communauté de communes de Serre-Ponçon. Contactés par ram05, les services de l’Etat indiquent que « le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets ne s’oppose pas [à ce qu’une nouvelle décharge soit créée sur le site de Pralong]. Ainsi, le SMICTOM peut demander une autorisation et celle-ci « ne sera pas rejetée sur la base d’une incompatibilité flagrante avec la planification mais, au delà de 2031, le SRADDET (révisé en juillet 2025) ne donne pas d’orientations précises pour le bassin alpin (04&05) de gestion des déchets ».

Président du SMICTOM, le syndicat en charge du traitement des déchets, Marc Audier voit au moins deux avantages à conserver un site d’enfouissement en local : « d’une part, on pourra maîtriser les coûts puisqu’on aura la maîtrise totale des tarifs appliqués à cette nouvelle décharge, hormis la taxe prélevée par l’État sur les tonnages enfouis. Ensuite, on s’évite un impact environnemental énorme lié aux camions qui circuleraient pour transporter nos déchets à Ventavon. »

« À la vitesse à laquelle le tri s’améliore, la décharge va se remplir de moins en moins vite. »

Un vrai atout aussi pour la sensibilisation, observe Chantal Eymeoud : « Si tout part ailleurs et que l’on n’explique jamais rien, les habitants n’ont aucune idée de ce qu’est un déchet et du rôle de la collectivité. » Elle rappelle que la quantité d’ordures ménagères par habitant a réduit de 36 % depuis 2010, notamment grâce aux bonnes pratiques de tri. Dans le même temps, le verre et les emballages collectés ont augmenté de moitié, signe d’un transfert opéré entre la poubelle et les bacs de tri. Cette baisse des quantités à enfouir devrait encore se poursuivre avec la plateforme de compostage et l’installation de composteurs dans les zones les plus urbanisées. Depuis leur installation en début d’année, ils ont déjà accueilli cinquante tonnes de biodéchets. « À la vitesse à laquelle le tri s’améliore, la décharge va se remplir de moins en moins vite », se réjouit Marc Audier. Ces bons résultats ont déjà permis de repousser de cinq ans la fermeture de la décharge actuelle.

Des études géologiques en cours

Reste aussi à vérifier la faisabilité technique. Des études de sols sont en cours pour identifier précisément le lieu où la nouvelle décharge pourrait être creusée. Les élus veulent aller vite afin « qu’il n’y ait pas d’interruption d’enfouissement sur place entre la fin de la décharge actuelle en 2030 et la nouvelle », conclut le président du SMICTOM.

Depuis 2020, la décharge de Pralong est la seule exploitée en régie en région PACA. En continuant d’enfouir localement, le SMICTOM pourra aussi conserver la gestion directe, au lieu de sous-traiter ce service à l’entreprise Veolia, exploitant du site d’enfouissement du Beynon à Ventavon.