© Communauté de Communes du Guillestrois et du Queyras

Poubelles à badge dans le Guillestrois-Queyras, quel bilan un an après ?

À partir du 1er janvier 2027, chaque ménage de la communauté de Communes du Guillestrois et du Queyras paiera une redevance dépendante de la quantité d’ordures ménagères jetée en 2026. L’aboutissement de plusieurs années de préparation avec en ligne de mire un objectif de réduction significatif de la quantité de déchets enfouis. Une série de réunions publiques a permis aux élus communautaires de présenter un premier bilan après une « année test ».

Bientôt un an que les conteneurs d’ordures ménagères s’ouvrent uniquement sur présentation d’un badge électronique et le sujet fait encore parler en réunion publique. Après une année blanche, les habitants s’acquitteront désormais de deux euros par sac d’ordures ménagères au-delà des vingt ouvertures forfaitaires annuelles. Face aux reproches adressées par une partie des habitants qui le vit comme une contrainte, Anne Chouvet se défend : « Le problème ce n’est pas la carte c’est le tri ». Pour la présidente de la régie des déchets de la communauté de communes du Guillestrois-Queyras, l’agacement que peut susciter l’arrivée du badge est « plus idéologique que pratique ». Avec la carte, la possibilité de badger via son smartphone, et surtout d’utiliser plus les bacs de tri qui, eux, sont en accès libre, les usagers peuvent rapidement s’y retrouver estime Dominique Moulin, président de la communauté de communes.

Dans les années 50 on mettait les ordures ménagères dans le torrent. Puis on a commencé à faire le ramassage des poubelles, donc on ne mettait plus au torrent. Jusqu’en 80 ramassait tout et on enfouissait tout. Petit à petit le tri est venu, et les gens comment à vraiment bien le faire. Dans les réunions publiques [préalable à la redevance incitative] je me rappelle de gens qui me disait « mais vous vous rendez compte, une poubelle tous les quinze jours on n’y arrivera jamais etc » puis que j’ai revus trois mois après et qui m’ont dit « vous aviez raison M. Moulin, quand on fait le tri on n’a rien [ndlr : dans les poubelles] ». Mais le problème, c’est qu’il faut s’y mettre.

Dominique Moulin, président de la Communauté de communes du Guilletrois-Queyras

Depuis 2020 « la taxe sur l’enfouissement (TGAP) a augmenté de 165 % pour atteindre 65 euros la tonne et le gouvernement prévoit de la monter de 10 % chaque année » rappelle Régis Lambert, directeur de la régie déchet. À cela s’ajoute une taxe additionnelle sur l’enfouissement instaurée par un arrêté préfectoral pour chaque tonne enfouie au-delà des 55 000 à l’échelle départementale. Une manière d’inciter les collectivités à la sobriété en matière d’ordures ménagères. En moyenne, celles qui optent pour la redevance incitative obtiennent rapidement des résultats. L’ADEME a mesuré une baisse moyenne de 30% lors du passage à une redevance incitative.

Pour contourner le système, certains sont tentés de déposer discrètement leurs sacs devant les points d’apport volontaire. Ces incivilités sont l’un des principaux arguments qui rebutent les élus locaux à adopter la tarification incitative. Dans le Guillestrois-Queyras, les sacs abandonnés n’étaient pas comptabilisés avant l’arrivée du badge, difficile d’objectiver dans ces conditions sur une éventuelle évolution des incivilités. Cependant les retours d’expérience montrent montrent que si les incivilités augmentent un temps, elles sont suivies d’une diminution par la suite1. « Ces incivilités sont très visibles mais ne représentent pas la majorité des comportements » avance Régis Lambert, directeur de la régie déchet : entre 5,1% et 7,8% de taux de dépôts sauvages relevés jusqu’à présent. Un taux relativement indépendant des saisons, ce qui tord le cou au cliché des « touristes-pollueurs ». Qui pourraient d’ailleurs se passer totalement des cartes en utilisant les ouvertures « petits déchets » calibrées pour les sacs de 10 litres, souligne Anne Chouvet.

Comment se présenter devant les poubelles avec un sac de 30 litres quand on est là pendant une semaine ? Quand on fait l’effort de trier il n’y a pas de raisons que cela arrive.

Anne Chouvet, présidente de la régie déchet du Guillestrois-Queyras
Source : régie déchet de la Communauté de communes du Guillestrois-Queyras

D’ailleurs, deux fois plus d’ouvertures out été enregistrées en août, « ce qui démontre une adhésion [des touristes] » décrypte Régis Lambert. Restent les stations, dans lesquelles le système n’est pas encore en place.

On pèse les camions qui descendent de Vars et de Risoul et à cela on impute une part collective en divisant ce tonnage en nombre de parts, par rapport aux ménages, aux professionnels. Les stations sont donc aussi soumises à une sorte de tarification incitative. Mais la politique évolue également pour ces stations car on a vu que cela fonctionnait assez bien pour les petites stations dans le Queyras notamment, et donc on va commencer aussi d’ici un hiver ou deux à mettre des tambours en station pour inciter à tier donc ça permettra aux gens de continuer à jeter en disant attention maintenant c’est terminé de jeter des radiateurs, du placo, et toute sortes de déchets farfelues qui n’ont pas à terminer dans les ordures ménagères.

La quantité de déchets diminue d’année en année sur la communauté de communes, qui est en passe d’atteindre son objectif de diminution de moitié des tonnages d’ordures ménagères par rapport à 2010. La tarification est la dernière brique d’une longue série de mesures qui ont demandé du temps. Un temps nécessaire pour le succès de la démarche, estime Dominique Moulin.

On a mis d’abord les points d’apport volontaire, puis les tambours et enfin la carte. Quelque part, on a pris le temps, on a été pédagogique et c’est important de le faire car si l’on regarde ce qu’il s’est passé en Dordogne, ils y sont passés du jour au lendemain et ça a été la catastrophe. Donc en station on va mettre des tambours pendant deux trois ans et après, de toute façon ce sera toute la France il faut être réaliste, après ils passeront à la carte comme tout le monde.

Dominique Moulin, président de la Communauté de communes du Guilletrois-Queyras
Source : régie déchet de la Communauté de communes du Guillestrois-Queyras

1 Commissariat général au développement durable : La tarification incitative de lagestion des ordures ménagères : quels impact Quels impacts sur les quantités collectées sur les quantités collectées sur les quantités collectées?