Dans un bureau de vote de Guillestre, quelques minutes avant le dépouillement au 1er tour des élections législatives 2024 © Sébastien François Enimie

1er tour des législatives 2024 : les réactions des candidats

Tous les résultats du 05 sont à lire ici.

Pour se maintenir au second tour, les candidats aux élections législatives doivent réunir un nombre de voix égal ou supérieur à 12,50 % du nombre d’électeurs inscrits – et non des votants – ce qui signifie qu’en cas de très forte abstention, les situation de triangulaires au second tour ont peu de chances de se produire. Du fait d’un sursaut de la participation électorale, le nombre de circonscriptions en France potentiellement concernées par une triangulaire a atteint un niveau historique, qui devrait s’affaisser rapidement avec les désistements demandés aux candidats arrivés en troisième position pour faire barrage au Rassemblement National.

Il n’y aura pas de triangulaire au second tour dans les Hautes-Alpes. Les candidats du camp présidentiel Sébastien Fine et Pascale Boyer, arrivés tout deux en troisième position dans leurs circonscriptions ont fait le choix de respecter la demande du premier ministre Gabriel Attal. Ils ont donc l’intention de se désister pour donner une chance à la gauche de battre le Rassemblement National. Sollicitée par la rédaction, Pascale Boyer n’a pas répondu à notre demande d’interview. Sébastien Fine, lui, a expliqué son choix à ram05.

Nous avons plus de deux mille voix d’écart et il nous semble totalement irresponsable de conserver notre candidature. Donc ce sera un désistement. On regarde un petit peu ce qu’il se passe du côté du Nouveau Front Populaire. Il se trouve que dans cette alliance, il y a des partis qui sont des partis qui ont gouverné la France. Il se trouve qu’en face de nous, Valéry Rossi fait partie du Parti Socialiste. Moi, il me semble que c’est un parti républicain.

Sébastien Fine, candidat Ensemble (parti du camp présidentiel) au 1er tour des élections législatives 2024

À l’inverse, Johann Mondain estime que la décision de Sébastien Fine place les électeurs dans une situation de « non-choix ».

[Je ressens] une grande déception de ne pas être au deuxième tour. Je pensais que M. Fine aurait maintenu sa candidature, cela me paraissait normal, je ne comprends pas, car on laisse les électeurs dans le non-choix. […] Je n’ai pas la prétention de dire quoi voter. Moi, personnellement je voterai blanc, évidemment. Malheureusement, ce sera un parti d’extrême qui sera élu, donc ce ne sera pas bon pour notre territoire et pas bon pour la France. Quel désastre.

Johann Mondain, candidat sans étiquette au 1er tour des législatives 2024

Dans un communiqué, Lutte Ouvrière invite même ses sympathisants à s’abstenir au second tour mais pour des raisons complètement différentes, déclarant « ceux qui n’ont pas envie de donner un quitus aux candidats de la gauche, y compris à des ex-ministres et ex-présidents, peuvent se passer d’aller voter et exprimer de cette façon leur défiance vis-à-vis de l’ensemble de la caste politique de la bourgeoisie et des institutions de l’État. »

Arrivée en seconde position sur la circonscription de Briançon, la candidate Nouveau Front Populaire Valérie Rossi a voulu alerté les électeurs sur la gravité de la situation.

Quand on constate sur l’ensemble des Hautes-Alpes et sur cette circonscription qui est la mienne, le score du Rassemblement National, je pense que l’heure est vraiment grave, que l’heure est à l’inquiétude. Et je ne peux me résoudre à laisser cette deuxième circonscription, une belle circonscription, entre les mains du Rassemblement National. J’invite sincèrement tous les citoyens et toutes les citoyennes des Hautes-Alpes qui défendent des valeurs républicaines à se rassembler derrière notre candidature au second tour. Je les invite vraiment à prendre leurs responsabilités et à nous accorder leur confiance le dimanche 7 juillet prochain.

Valérie Rossi, en arrivée seconde position pour le Nouveau Front Populaire dans la circonscription de Briançon

Marie-José Allemand arrivée en deuxième position pour le Nouveau Front Populaire dans la circonscription de Gap attribue ce score historique de l’extrême droite à un laisser-faire sur la montée du racisme.

Moi ça me fait mal. Parce que les discours de M. Sainte-Marie ou de M. Bardella ne s’appliquent pas à notre territoire. Alors certes, je ne dis pas qu’il n’y a pas d’insécurité, d’immigration, mais c’est juste leur cheval de bataille. Et on paie cash le fait qu’on n’ait pas pris soin des gens depuis de nombreuses années. Au niveau national, on a laissé faire, laissé monter cette haine, ce racisme. Et aujourd’hui, on est bien obligés d’ouvrir les yeux et de se dire qu’on a raté quelque chose.

Marie-José Allemand, Nouveau Front Populaire, arrivée en 2ème position dans la circonscription de Gap

Contacté juste après l’annonce des résultats définitifs du premier tour, le candidat RN de la première circonscription Jérôme Sainte-Marie a insisté sur le bilan de la députée sortante Pascale Boyer et assure que les électeurs trouveront davantage de stabilité en sa personne et son parti qu’à travers le Nouveau Front Populaire.

Je crois que le bilan du Macronisme, et Mme Boyer plus particulièrement, a été suffisamment critiqué par ses propres électeurs de 2022 pour que son score soit aujourd’hui très faible. Je vois bien que des gens doutent, et parmi ceux qui ont encore voté pour elle, qui ont émis sans doute un choix de stabilité. Je pense que c’est ça qui a dominé dans leur motivation, cette stabilité. Ils la trouveront cent fois davantage dans le vote pour le candidat de Rassemblement National, c’est-à-dire moi-même, ici dans la circonscription, que dans le choix de Mme Allemand et de ses amis de la France Insoumise.

Jérôme Sainte-Marie, candidat Rassemblement National dans la première circonscription des Hautes-Alpes