Le comité local d'aide aux victimes, qui s'est tenu le 24 novembre 2022 à Gap, était consacré, aux violences intrafamiliales.

Violences conjugales : état des lieux, après deux années de forte hausse dans les Hautes-Alpes

Ce vendredi est marqué par la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Trois ans après le Grenelle de 2019, quel est le bilan dans les Hautes-Alpes ?

A l’issue d’un comité local d’aide aux victimes qui s’est tenu hier jeudi 24 novembre 2022 à Gap, le préfet des Hautes-Alpes Dominique Dufour, le procureur de la République du tribunal de Gap Florent Crouhy, et les responsables départementaux de la gendarmerie et de la police ont dressé un état des lieux de la lutte contre les violences intrafamiliales dans le département.

Depuis trois ans et le Grenelle, les Hautes-Alpes connaissent une forte hausse des violences intrafamiliales enregistrées par la justice, les services de police et de gendarmerie. Cette augmentation est plus importante qu’au niveau national. En zone gendarmerie, les violences intrafamiliales sont ainsi passés de 167 faits enregistrés en 2019, à 206 en 2020, et 256 en 2021. La préfecture observe une stabilisation cette année. A un niveau toutefois très élevé : 430 faits de VIF sur les dix premiers mois de l’année pour les zones police et gendarmerie, dont 340 de violences conjugales. Camille Theureau, salariée du Planning familial des Hautes-Alpes.

Outre cette libération de la parole, d’autres facteurs ont joué selon le procureur de la République : l’impact de la crise sanitaire et notamment du confinement, et une meilleure connaissance des dispositifs grâce aux campagnes de communication. Sans compter qu’avant 2019, les mains courantes pour violences conjugales n’étaient tout simplement pas comptabilisées.

La prévention passe par la formation des personnes en première ligne. A savoir « les élus, les secrétaires de mairie, les professionnels de santé, les agents d’accueil dans les maisons France services ». Il s’agit « de savoir repérer les signaux faibles et vers qui orienter ces personnes », dé taille Joanna Della Rosa, déléguée départementale au droit des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Le préfet Dominique Dufour a mis en avant la création d’une quinzaine de places d’hébergement d’urgence dédiées d’ici la fin de l’année, la formation de l’ensemble des gendarmes du département, ainsi qu’un travail partenarial avec les professionnels de santé et le réseau associatif. Ce « afin de faire en sorte qu’à tout moment les victimes puissent déposer plainte et avoir une écoute », déclare Dominique Dufour. Il est ainsi possible de déposer plainte dans les trois hôpitaux du département.

Les ordonnances de protection restent en revanche peu utilisées dans le département : 4 viennent de se terminer et deux sont en cours, selon le procureur. Seuls deux bracelets électroniques anti-rapprochement sont actifs. Dans le cadre de ces ordonnances, le ou la juge aux affaires familiales peut, à la demande de la victime, ordonner dans l’urgence l’éviction du domicile du conjoint violent, une interdiction de contact ou de port d’arme. Il s’agit aussi d’organiser l’autorité parentale et les droits de visite.

Selon le procureur, 30 auteurs ont été jugés en comparution immédiate et déférés depuis 2021. Et depuis le début de l’année 2022, ce sont 18 personnes qui ont été incarcérées pour des violences conjugales à la maison d’arrêt de Gap. Comment mieux prendre en charge ces hommes violents et éviter la récidive ? Un premier stage de responsabilisation des auteurs débutera la semaine prochaine. Il a été conçu avec Mediavic, l’association d’aide aux victimes, et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation. C’est le premier dans le département. Le procureur Florent Crouhy.

Sur 400 dossiers traités en 2021 par le parquet de Gap, 23 auteurs étaient en état de récidive légale, selon le procureur.

Au niveau national, le nombre de féminicides ne faiblit pas. Depuis janvier, plus de cent hommes ont tué leur femme ou compagne. Pour Camille Theureau, chargée de projet au Planning familial, il faut agir sur les représentations de genre qui permettent ces féminicides.

Depuis 2001, la loi impose de dispenser des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées, à raison d’au moins trois séances par an. Mais cette éducation repose bien souvent sur la bonne volonté des personnels éducatifs et des associations. Et un financement précaire, via des appels à projets à renouveler chaque année.

Une rencontre sur les violences faites aux femmes est prévue samedi après-midi à la médiathèque de Chorges de 15h30 à 17h30. Elle est organisée par l’association Toutes pour une. Vous pouvez aussi écouter ou réécouter notre magazine consacré aux violences intrafamiliales, avec deux gendarmes de la maison de protection des familles, qui vient d’être créée à la gendarmerie d’Embrun.