Le massif du Chenaillet et la vallée des Fonts de Cervières attendent toujours leur réserve naturelle
Le projet de protection réglementaire de ce site emblématique traîne des pieds depuis des années. Dans une lettre ouverte, un collectif d’associations de protection de la nature s’agace d’un manque de volonté politique.
Mountain Wilderness, Arnica Montana, la SAPN-FNE 05, et l’Association d’Etude et de Sauvegarde de la vallée de Cervières, se demandent quand sera mise en place une protection réglementaire pour la haute vallée de la Cerveyrette et le massif du Chenaillet. Un morceau de croûte océanique de 150 millions d’années soulevé lors de la formation des Alpes, qui constitue un massif mondialement reconnu par les géologues. Et reconnu également pour sa riche biodiversité de montagne. La zone abrite notamment le marais du Bourget, une tourbière unique dans le département. Or seule une partie du secteur est inscrit au réseau européen Natura 2000, rien de plus. Les projets d’infrastructures touristiques envisagés dans la vallée dans les années 70 ne sont plus d’actualité et pourtant, la protection du massif traîne des pieds. « C’est une très vieille histoire, qui date des années 90, rappelle Bernard Patin, membre de la SAPN-FNE 05. A l’époque, la ministre de l’environnement avait confirmé son intérêt pour une réserve naturelle ». Le sujet porté par les associations avait été au cœur de l’élaboration du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Briançonnais en 2018. Et depuis, « il ne se passe rien », regrettent les associations.
Dans les Hautes-Alpes, le massif du Chenaillet, c’est le dernier site majeur qu’il faut protéger
Bernard Patin, SAPN-FNE 05
En revanche, elles dénoncent l’utilisation de l’argent public à des fins d’aménagements touristiques, notamment de remontées mécaniques sur les communes voisines de Montgenèvre et Clavière, côté italien. « Nous espérons que ça va bouger, avec les projets en cours sur d’extension des remontées mécaniques de Montgenèvre, on pourra avoir en contrepartie, je ne parle pas de compensation, un affichage très clair de la collectivité de la station de préserver le patrimoine naturel de ce territoire », explique Bernard Patin. « Tous les voyants sont au rouge, disent les associations dans un communiqué. Certains élus, dignes successeurs des promoteurs du plan neige, raisonnent comme au siècle dernier et ne voient l’avenir qu’avec encore plus d’équipements ». Le lancement de la révision du SCOT du Briançonnais va être voté mardi prochain en conseil communautaire, pour le rendre compatible avec les objectifs de la Loi Climat et Résilience. C’est l’occasion de faire avancer ce dossier de création d’une réserve naturelle. Avec un bémol : le nouveau SCOT ne sera approuvé que fin 2026.