Transports : le patron de la SNCF à Briançon pour parler du train en 2030 et au-delà
Quatre ans et demi pour faire du train de la ligne des Alpes un outil de transport « séduisant » en vue des JOP de 2030 et de leur « héritage ». C’est l’ambition que portent collectivement la Région PACA et la SNCF et pour laquelle les arbitrages financiers sont en cours en ce moment-même, a fait savoir le PDG de la SNCF en visite à Briançon jeudi 17 avril.
Concrètement, un outil de transport séduisant, ce sont des trains qui circulent en plus grand nombre et avec des temps de trajet réduits, précise Chantal Eymeoud, vice-présidente de la Région PACA. Objectif affiché : ajouter un train Marseille-Briançon en 3 heures 40 et rendre le Veynes-Briançon plus rapide. Pour y parvenir, pas de solution miracle analyse Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF.
Si on veut plus de capacité, il faut plus de croisements. Si on veut accélérer les trains il faut plus de croisements et pas trop d’arrêts. Tout cela fait partie des débats en cours.
Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF
Sur cette ligne à une voie, le nerf de la guerre sera de permettre un croisement fluide de trains en plus grand nombre. En effet, la fermeture de certaines gares a limité les possibilités de croisement, car sans personnel, impossible à l’heure actuelle d’y opérer cette manœuvre. La SNCF privilégie l’option des évitements télécommandés aux croisements manuels afin de limiter les coûts de fonctionnements liés au personnel. Sauf que l’automatisation des croisements « implique un changement de signalisation très complexe pour que cette commande puisse se faire et un investissement conséquent du ressort de l’État » explique Anthony Fleutry, membre du Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes. Pour garantir ces possibilités de croisement lors des JOP de 2030, la SNCF envisage de recruter temporairement du personnel si les installations n’étaient pas livrées dans les temps.
Priorité à la télécommande et si on n’a pas pu les installer partout [ndlr : dans les temps] on passera par des solutions manuelles, en tout cas pour les Jeux Olympiques, pour assurer le débit. Car on a compris que pendant les JOP il y aura plus de trains. Il faudra donc accroître le débit en augmentant le nombre de points de croisement.
Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF
SNCF Réseau réalise actuellement les études pour atteindre les objectifs fixés, explique Jean-Pierre Farrandou. Viendront ensuite les arbitrages financiers.
C’est l’Etat qui va décider du budget. À partir du budget on pourra dérouler les travaux. On a besoin d’une décision rapide car le temps du ferroviaire c’est du temps long. Mais je le redis aussi, les fonctionnalités c’est l’expression de la Région aussi, en matière de desserte. Et à partir de là il y a un équilibre qui se trouve entre l’expression du besoin et les financements que l’Etat pourra arrêter.
Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF
En mars dernier, le vice-président de la Région en charge de la mobilité Jean-Pierre Serrus évoquait une rallonge nécessaire de 200 millions d’euros à ajouter à l’enveloppe actuelle dédiée au train (150 millions d’euros via le Contrat de Plan Etat Région). Un budget à mettre en regard avec celui estimé pour les aménagements routiers censés fluidifier le trafic en vue de 2030 : 256 millions d’euros, détaillait Marcel Cannat, vice-président du département1 en charge des aménagements routiers. Avec de tels montants, on comprend que les arbitrages puissent prendre du temps, sauf que le temps manque compte-tenu de l’ampleur des travaux à réaliser. Le PDG de la SNCF comme Chantal Eymeoud restent lucides sur le fait que tout ne sera probablement pas livré pour 2030. Mais ce que souhaite avant tout décrocher la vice-présidente de la Région, ce sont des engagements financiers.
L’essentiel c’est d’arriver à faire en sorte que l’Etat s’engage sur des financements le plus possible avant 2030 mais aussi après. Il ne faut pas se leurrer on ne pourra pas tout faire en même temps. Il reste peu de temps et par conséquent il est important pour les Alpes du sud et la Région d’arriver à bloquer un maximum de financements pour qu’on ait en héritage une promesse d’un désenclavement et d’une mobilité douce.
Chantal Eymeoud, vice-présidente de la Région PACA
Quant au train de nuit, l’Etat a décidé d’acheter du matériel neuf qui devrait « normalement » arriver en 2029, juste à temps pour les jeux précise Jean-Pierre Farandou.
À plus court-terme, une réponse va être apportée à une vieille demande du Collectif de l’Étoile Ferroviaire de Veynes et de l’ex-député des Hautes-Alpes Joël Giraud : le cabotage sur le train de nuit. Autrement dit, les usagers pourront monter à bord du Paris-Briançon sur la fin de son parcours. Une manière d’offrir un train du quotidien supplémentaire à un horaire stratégique sans frais pour la SNCF. Le vice-président de la Région en charge de la mobilité Jean-Pierre Serrus s’en est réjouit en conférence de presse.
Les abonnés Zou pouvaient embarquer dans les gares entre Veynes et l’Argentière [ndlr : les autres usagers ne le pouvaient pas]. Ce sera possible [pour tout le monde] à partir du 19 mai de vendre des tickets à l’unité pour des déplacements plus occasionnels.
Les modalités de ce cabotage seront précisées par la Région dans les semaines qui viennent, a annoncé Jean-Pierre Serrus.
1Emission La Vie Publique du 21 mars 2025 sur ram05