Entrée du train de nuit en gare de Briançon. Entrée du train de nuit en gare de Briançon.
Train de nuit à Briançon / Damd071, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Train de nuit vieillissant cherche matériel fonctionnel pour Jeux Olympiques imminents

L’État a lancé un appel d’offres pour renouveler le matériel des trains de nuit, en vue notamment des JO 2030. Des parlementaires et élus hauts-alpins s’en réjouissent, tandis que le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes se montre plus sceptique.

Le ministre des transports a rencontré mardi 11 mars des représentants du département pour évoquer « le développement des mobilités en vue des Jeux Olympiques d’hiver de 2030 ».

Dans un communiqué, Philippe Tabarot, ainsi que Jean-Michel Arnaud, sénateur, Jean-Marie Bernard, président du département, Marcel Cannat, vice-président en charge des routes, et Arnaud Murgia, maire de Briançon, ont annoncé vouloir, à l’occasion de cet évènement, « proposer une offre de mobilités qui permettra d’améliorer concrètement la qualité de vie des habitants et contribuer au développement des Hautes-Alpes ».

Parmi les sujets abordés figure celui du train de nuit Paris-Briançon, dont la fréquentation a augmenté de 6 % en un an avec près de 155 000 voyageurs en 2024, selon les chiffres officiels. Sur ce point, le ministre a fait part de la publication mi-février dernier par l’État d’un appel d’offres pour la location de 180 voitures et 27 locomotives destinées aux trains de nuit, dont le matériel est vieillissant.

Une annonce dont se sont unanimement réjouit sur les réseaux sociaux les quatre Hauts-Alpins présent à Paris. Jean-Michel Arnaud y voit une « bonne augure pour le désenclavement ferroviaire des Hautes-Alpes et pour les mobilités des Hauts-Alpins », Jean-Marie Bernard la qualifie d’« excellente nouvelle pour la pérennité de la desserte et pour le confort des voyageurs », Marcel Cannat applaudit et rappelle qu’elle était « [attendue] depuis très longtemps », et Arnaud Murgia déclare que le train de nuit « va enfin connaître une nouvelle vie ».

« À ma connaissance, il n’y a pas de société prête à louer autant de voitures »

De son côté, le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, qui regroupe usagers, élus, associations et syndicats, se montre plutôt dubitatif. À l’instar de Nicole Tagand, voyageuse régulière.

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On y croira quand il y aura des réponses à l’appel d’offres, parce que nous, on ne connaît pas de sociétés qui auraient autant de voitures couchettes en bon état à louer à l’heure actuelle. Donc ça semble très difficile [de tenir les délais] : quand on a loupé le train, c’est le cas de le dire, on ne peut pas courir derrière pour le rattraper. Après, on ne demande qu’à être surpris de façon positive. Mais ça fait quand même 5 ans qu’année après année on nous parle de la signature du contrat, une fois c’est oui, une fois c’est non et puis ça tombe dans l’oubli. Donc cet appel d’offre, il est quand même un peu court pour 2030.

Nicole Tagand

Et puis ce qu’il faut voir aussi, c’est que le matériel est certes vieillissant, mais il est même carrément en fin de vie : les voitures qui roulent encore aujourd’hui, elles vont petit à petit partir légitimement à la casse parce qu’elles ont déjà été réparées et que ça ne sera plus possible de les réparer à nouveau. Donc il y a vraiment une impasse qui se profile. Et je ne suis pas sûre que la location soit la solution parce qu’à ma connaissance, mais je peux me tromper, il n’y a pas de société prête à louer autant de voitures dans ce délai.

Nicole Tagand

Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez louer du matériel pour train de nuit à l’État, vous avez jusqu’au 21 mars à midi pour vous manifester.

Amélioration du train : « pourquoi attendre demain ? »

Au-delà de la ligne de nuit, si les pouvoirs publics se saisissent de l’échéance des JO 2030 pour développer le train, le collectif souligne qu’il faut selon lui que les améliorations concernent aussi les habitants locaux. Jean-François Dumanois est également usager du chemin de fer dans les Hautes-Alpes.

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Nous, les JO, entre guillemets, on est « ni pour ni contre ». Si c’est une opportunité pour que les personnes du territoire puissent avoir une réelle amélioration sur leurs modes de déplacement et que ça améliore leur quotidien, et bien ma foi, tant mieux. Si c’est uniquement pour qu’il y ait plus de personnes de Marseille qui puissent se rendre rapidement à Briançon, pour nous, ça sera un échec. L’enjeu, il est là.

Jean-François Dumanois

Enfin, Nicole Tagand s’interroge sur la volonté de patienter jusqu’à 2030, et rappelle que des mesures pourraient être prises dès maintenant, par exemple pour résorber les doublons.

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Ça fait des années qu’on propose des choses qui ne coûtent rien, mais qui amélioreraient la vie des gens au quotidien. Pourquoi attendre les JO pour améliorer ce qui pourrait s’améliorer dès aujourd’hui ? Pour mémoire, le premier train qui descend de Briançon a été retardé d’une demi-heure il y a 4 an, celui de Marseille a été avancé d’une heure, ce qui a créé un doublon supplémentaire. Pourquoi, dès aujourd’hui, on ne propose pas des horaires qui répondent aux besoins des gens du territoire ? Ça ne coûte rien, c’est le même train, les mêmes frais, sauf qu’on aura plus de monde qui va le prendre parce que ça correspond aux besoins. Pourquoi attendre demain ?

Nicole Tagand

Retrouvez le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes dans l’émission La Vie Publique du 7 mars dernier sur ram05.

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