« La rivière draguée », théâtre entre fait divers et tragédie
Cette semaine, le TDB à Briançon accueille pour deux représentations (jeudi 13 et vendredi 14 mars) la pièce de théâtre « La rivière draguée », qui questionne le rapport universel à l’émotion
A l’origine du récit, un fait divers sordide, raconte le metteur en scène Franck Dimech.
La pièce s’appuie sur un fait divers qui a eu lieu en France en 1987 : c’est la découverte au bord de l’autoroute A10 d’un sac plastique qui contenait le cadavre d’une fillette de 5 ans. Cette mort est restée inexpliquée pendant 30 ans et il y a quelques années, l’ADN a parlé et les enquêteurs ont pu reconstitué la tragédie de cette enfant et mettre un nom sur les tueurs, en l’occurence les parents. Nous avons transposé ce fait divers dans un autre lieu du monde, loin de chez nous, à Taiwan, et c’est la rivière qui rejette le sac plastique contenant le cadavre de l’enfant. Il y a tout ce décalage qui opère dans le spectacle.
Pour interpréter la pièce : un oratorio à cinq voix, cinq personnages pour autant de points de vue sur l’histoire.
Il y a la figure d’un enquêteur qui relate la découverte du corps de l’enfant ; c’est un enquêteur dont le corps est très fracassé, abimé, et quelque chose se noue entre sa découverte du corps mort de l’enfant et son propre corps vivant. Il y a un mysanthrope pervers, suicidaire, qui pourrait être le meurtrier de l’enfant, mais la question n’est pas résolue dans la pièce. Il y a cette miss météo, dénommée la femme à la pastèque, il y a la rivière qui rejette le corps de l’enfant, c’est la nature qui prend la parole. Et il y a le spectre de l’enfant morte qui revient pour raconter la vie rêvée qu’elle aurait voulu vivre.
Sur scène, ces cinq personnages évoluent dans un décor dépouillé, aux éléments bruts.
Je me suis inspiré du plasticien Richard Serra qui a beaucoup travaillé sur des grandes plaques de métal. Dans mon décor, il y a des grandes plaques métalliques, passées au blanc de Meudon, qui sont soit posées, soit en suspension, qui sont pour certaines agies par des moteurs, donc qui tournent sur elles-mêmes, qui s’entrechoquent. On peut aussi les voir comme des miroirs puisque les ombres des personnages s’y reflètent. Il y a aussi une construction en parpaings qui sont assemblés et qui s’enflamment, qui s’embrasent. Il y a au lointain comme l’apparition d’une ville en ruine, détruite par les flammes.
« La rivière draguée » est à voir, à partir de 12 ans, au TDB à Briançon pour deux représentations, jeudi 13 et vendredi 14 mars à 20h.