Sécurité à vélo : « il est très important qu’on parle davantage des violences motorisées »
L’indignation provoquée par la mort d’un cycliste suite à une altercation avec un automobiliste mardi dernier a amené le sujet des violences motorisées dans le débat public.
Samedi, des rassemblements se sont organisés dans toute la France en mémoire à Paul Varry, cycliste de 27 ans mortellement écrasé par un automobiliste suite à une altercation, c’était à Paris quatre jours plus tôt. Le conducteur a été mis en examen pour « meurtre » vendredi et placé en détention provisoire, selon le journal Le Monde.
Une manifestation a notamment rassemblé 200 personnes à Veynes, d’après le Dauphiné Libéré. En effet, le jeune homme était originaire du Buëch et avait suivi sa scolarité à La Faurie, à Veynes puis à Gap, détaille le journal.
À Embrun aussi, des personnes se sont rassemblées en fin d’après-midi. Mathieu, cycliste, témoigne des violences motorisées qu’il subi régulièrement.
Je ne le connaissais pas, mais je me reconnais bien en lui, parce que moi c’est très très souvent que j’ai des soucis avec des automobiles agressives, non respectueuses du code de la route. Je me suis fait serrer volontairement par quelqu’un qui était énervé parce que j’avais un écarteur de danger, et qui a serré l’écarteur de danger jusqu’à quasiment toucher mon rétroviseur. En montant à Embrun, juste devant les impôts, à un endroit où on est censé respecter 1m50, donc en fait on devrait être quasiment sur l’autre voie pour doubler. Et là il m’a serré comme un sauvage. Forcément il ne m’a pas doublé vraiment, puisque à Embrun ça ne roule pas très vite l’été, et quand je l’ai rattrapé, il m’a menacé. Lui n’a pas essayé de me foncer dessus, mais il y a une dame, au printemps, qui n’était pas contente parce que je lui avais remarqué qu’elle ne respectait pas le code de la route. Elle a essayé de me rouler dessus, et du coup je me suis rabattu en urgence dans le rond-point ovale qui est tout en bas d’Embrun, vers le supermarché pour ne pas me faire rouler dessus. Donc voilà, j’aurais pu être un Paul.
Mathieu
Wiebke Silve, adjointe au conseil municipal d’Embrun déléguée à la mobilité vélo, est elle aussi confrontée à ce genre de comportement.
Je suis très sensible à cette cause là. Je travaille depuis plusieurs années pour la mobilité à vélo de notre commune, je suis au quotidien sur les routes avec mon vélo et je pense qu’aujourd’hui il est très important qu’on parle davantage de ces violences là, dont on parle très peu. Je pense que la plupart des cyclistes ont déjà vécu des situations où ils sont faits agresser par le simple fait d’être sur un vélo. Moi ça m’est arrivé déjà plusieurs fois, et la dernière fois, la semaine dernière, on m’a coupé la route et quand j’ai manifesté mon mécontentement on m’a insulté.
Wiebke Silve
En 2023, 221 cyclistes sont morts sur la route en France, selon l’observatoire national interministériel de la sécurité routière. Alors que le vélo ne représente que 0,2 % des déplacements, il compte pour 7 % des décès. Une proportion qui a augmenté en 2020 et est stable depuis.
Dans les Hautes-Alpes, 23 accidents ont concerné des cyclistes l’an dernier, 12 % du total, selon les chiffres transmis à ram05 par les services de l’État.
Dans un communiqué, la FUB, fédération française des usagers de la bicyclette, dénonce une violence motorisée qui est « largement banalisée et tolérée par les pouvoirs publics ». « Il est impératif que le développement des aménagements cyclables ne soit plus perçu comme un choix optionnel, mais comme une priorité absolue », poursuit l’association, qui en appelle « au gouvernement et aux parlementaires pour prendre des mesures concrètes et efficaces ».
Les témoignages ont été recueillis par notre correspondant Daniel Fauré