Installation "Ringo" sur le site de Ventavon - Batteries LMP produites par Blue Solutions

RTE expérimente la première installation mondiale de batteries raccordées au réseau haute-tension

C’est une première mondiale selon RTE et elle s’appelle Ringo. Trois installations de batteries raccordées au réseau haute-tension entreront en activité en juin 2022, dans le Limousin, la Côte-d’Or et les Hautes-Alpes dans une ancienne centrale hydraulique de Ventavon, abandonnée dans les années 70. Les premières batteries ont été livrées lundi 11 octobre 2021, actant le départ d’une phase de tests nécessaire avant la mise en service.

Avec l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique, le réseau électrique français devra s’adapter et être capable de stocker de l’électricité. En effet la puissance électrique issue du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique fluctue selon les conditions météo, et lorsque la production est supérieure à la consommation, il faut être en mesure d’emmagasiner ce surplus, pour le restituer dans le cas inverse. C’est ce qui est envisagé avec le projet Ringo.

Jusqu’à présent, les seules installations de batteries existantes alimentaient localement des sites, tandis que Ringo est directement raccordé au réseau français de lignes à haute-tension. Une série de capteurs et d’algorithmes assurent la synchronisation entre les trois sites et le réseau à la seconde près, pour aiguiller l’énergie vers les batteries ou la réinjecter dans le réseau.

À Ventavon, le site est équipé par l’entreprise Blue Solutions avec une technologie de batteries LMP (Lithium Métal Polymère) de nouvelle génération qui se distingue par une grande densité énergétique et le fait que les installations ne requièrent aucune climatisation. Le site de l’ancienne centrale hydraulique de Ventavon a été retenu car il se trouve dans un secteur à fort potentiel pour le photovoltaïque. Dans le Buëch, "80 MW d’énergies renouvelables sont déjà produits, 80 autres sont en attente" explique RTE.

Première étape du calendrier, après les tests techniques, une phase d’expérimentation de juin 2022 à 2025, pendant laquelle Ringo fonctionnera « à vide » pour ne pas impacter le marché de l’énergie - ce qu’interdit la Commission de Régulation de l’Energie. En clair, chaque watt stocké par un site de batteries sera rendu au réseau par un des deux autres, afin de tester ces nouveaux dispositifs en conditions réelles sans impacter le marché.

Deuxième phase, début 2025. Dans le cas où les résultats sont satisfaisants, un appel d’offre fera émerger l’opérateur chargé de l’exploitation de Ringo, puis de nouveaux sites pourraient être déployés.

Reste que si cette technologie est particulièrement adaptée pour absorber des pics de production et de consommation sur quelques heures, elle l'est en revanche moins pour réaliser un stockage massif d'énergie d'une saison à l'autre. « Pour cela, l’hydrogène est actuellement le moyen […] le plus prometteur » selon la Programmation Pluriannuelle de l'Energie. En effet, la capacité de stockage du site de Ventavon reste limitée : 20MW.h soit la consommation moyenne de 10 000 foyers pendant 2h.

Les batteries installées à Ventavon ont une durée de vie de 10 ans mais la technologie LMP permet de recycler la quasi-intégralité du lithium car celui-ci « est à l'état solide dans la batterie, ce qui permet d'obtenir un taux de recyclabilité d'au moins 90 % », précise RTE.

Coût total du projet Ringo, 80 M€. Plus de 50 % de la valeur ajoutée revient à des entreprises françaises dans la construction et l’installation des batteries. Localement, RTE estime a 500 000€ les retombées économiques pour des entreprises des Hautes-Alpes ou des Alpes de Haute-Provence.