Que pensent les deux députés hauts-alpins du projet de réforme des retraites ?

Le projet de réforme des retraites est en débat à l’Assemblée Nationale depuis lundi et jusqu’à vendredi prochain. Dans ce contexte, nous avons interrogés les deux députés haut-alpins sur leur position face à cette réforme. Pascale Boyer nous a répondu par téléphone, Joël Giraud par écrit.

Quel sera le vote des députés hauts-alpins ?

Sans surprise, étant tous deux membres du groupe Renaissance, ils voteront en faveur de la réforme présentée par le Gouvernement.

Je voterai pour la réforme des retraites pour préserver la retraite par répartition, par solidarité entre les actifs et les retraités.

Pascale Boyer

Joël Giraud votera aussi le texte pour « sauver notre système de retraite par répartition ». Il souligne également « des droits à la retraite renforcés », comme « la pension minimale à 1200 euros pour une carrière complète », ainsi que des avancées sur le sujet des carrières longues.

Que pensent les deux parlementaires de l’âge de départ à 64 ans, déclaré non négociable par la Première Ministre Élisabeth Borne ?

Joël Giraud a fait les comptes : étant donné que les Français partent déjà à la retraite à plus de 63 ans en moyenne (hors carrières longues), si on porte l’âge légal à moins de 64 ans, on ne dégagera pas de recettes suffisantes pour financer le système.

Et Pascale Boyer renchérit.

On peut avoir le choix de diminuer les pensions ou d'augmenter les cotisations sociales. Mais dans le contexte actuel, avec l'inflation et le pouvoir d'achat compliqué, nous ne pouvons ni diminuer les retraites ni diminuer les salaires. Donc il est préférable de pouvoir augmenter le nombre de trimestre et de rallonger l'âge de départ à la retraite. Si nous élevons l'âge de départ à la retraite à 64 ans nous restons l'un des deux pays de l'Union Européenne où cet âge est le plus bas.

Pascale Boyer

Comment les députés haut-alpins réagissent-ils aux fortes mobilisations ?

Malgré les arguments du camp présidentiel, le projet de réforme est rejeté par une majorité de la population (65 % selon le dernier sondage de l’institut Elabe pour BFMTV) et les trois journées de protestation (19 et 31 janvier, 7 février) ont été un succès pour l’intersyndicale.

Sur la forme, Pascale Boyer se félicite de la bonne tenue des manifestations, bien encadrées par les syndicats. Mais entend-elle les protestataires ?

Nous les entendons. Mais nous souhaitons leur dire que si nous ne faisons rien, nous allons accumuler un déficit de 150 milliard d'euros en 2030. [Cette réforme a pour but de] préserver la retraite des retraités actuels et futurs, et de ne pas faire peser une dette sur les générations futures.

Pascale Boyer

Sur cette question des manifestations, Joël Giraud indique : « Je les entends et je les comprends. Personne n’est ravi de devoir travailler davantage. Mais il s'agit d'une réforme responsable qui vise à équilibrer le système et éviter de reporter le poids des déficits sur les générations futures. Les manifestations sont légitimes mais elles ne doivent pas se substituer au travail de la représentation nationale, démocratiquement élue. »

Et les deux députés haut-alpins dénoncent « la stratégie d’obstruction » de l’opposition parlementaire qui a déposé quelques 20 000 amendements. Il sera évidemment impossible de tous les examiner avant le 17 février, date à laquelle le texte quittera l’Assemblée Nationale pour être examiné par le Sénat.

À ce propos, le sénateur des Hautes-Alpes, Jean-Michel Arnaud, également contacté par ram05, n'a pas souhaité livrer son point de vue sur le texte avant son arrivée à la chambre haute.

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Le prochain rendez-vous de contestation au projet de loi se fera dans la rue ce samedi avec la quatrième journée de protestation. Deux rassemblements sont prévus dans les Hautes-Alpes : à Gap (14h devant la préfecture) et à Briançon (14h30 devant la sous-préfecture). Les syndicats ont annoncé espérer des rassemblements massifs.

Toutefois, les 8 organisations haut-alpines s’interrogent maintenant sur l'amplification du rapport de force. « Face à la surdité du gouvernement, il nous faut construire des moyens efficaces pour gagner. La question de la suite du mouvement et des blocages par la grève se pose de plus en plus » déclare l'intersyndicale dans un communiqué.

Les syndicats rappellent leur point de vue : « il est hors de question de travailler plus longtemps pour gagner moins. Pour une fois, ce n'est pas aux citoyens de payer la note. On ne peut pas nous demander de faire encore un effort alors que les profits des grands groupes, des PDG du CAC40 et les dividendes continuent d'augmenter malgré la crise » déclarent-ils.