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De nombreux médecins en grève contre l'accès direct au paramédical

Faut-il permettre un accès direct aux infirmiers en pratique avancée, aux kinésithérapeutes ou encore aux orthophonistes, sans passer par un médecin traitant ? Oui, ont jugé les députés le mois dernier. Certainement pas, leur répondent aujourd’hui de nombreux médecins partout en France.

C’est pour protester contre la proposition de loi Rist pour « l’amélioration de l’accès aux soins » que 8 syndicats ont appelé à une journée de grève ce mardi. Dans les Hautes-Alpes, « 80 à 90 % » des médecins suivent le mouvement, dont la totalité du Champsaur-Valgaudemar par exemple. C’est ce qu’annonce Marc Zelloni, généraliste dans ce secteur et secrétaire de MG France 05, syndicat majoritaire dans le département.

Le médecin dénonce une loi qui veut répondre à une réelle problématique, mais qui a été élaborée « sans concertation ».

On est en train de déconstruire le rôle du médecin traitant, pivot de la santé des patients.

Le médecin traitant est censé suivre le patient tout au long de son parcours de soin, rappelle Marc Zelloni. Le court-circuiter pourrait soulever certains problèmes, estime le médecin.

Un exemple : vous allez voir un kinésithérapeute qui vous prescrit 10 séances de rééducation pour un mal de dos. Mais si vous avez un cancer d'une vertèbre, vous ne serez pas pris en charge tout de suite. Cette loi est mauvaise : chacun son métier.

Les syndicats demandent purement et simplement le retrait du texte, et reprochent aux pouvoirs publics une inaction depuis plusieurs décennies face au manque de médecins.

Cette journée de grève intervient dans un contexte déjà tendu puisque les organisations représentatives ont quitté depuis plusieurs mois les négociations en cours avec la Caisse nationale d’assurance maladie visant notamment à redéfinir le montant des consultations. Marc Zelloni qualifie d’« humiliante » la proposition de la CNAM d’une augmentation de 1,5 €, inappropriée face à l’inflation.

Sans aller jusqu’aux 50 € réclamés par le collectif « Médecins pour demain », les syndicats demandent une hausse à 30 € et l’attribution d’un assistant médical pour chaque généraliste, qui effectuerait les tâches administratives. L’enjeu étant le temps consacré aux soins.

Pour bien exercer, il faut avoir suffisamment de temps médical. Pour avoir suffisamment de temps médical, il faut qu'on nous enlève toutes les tâches administratives qui prennent la moitié de notre temps de travail.

Ce mardi, une vingtaine de médecins haut-alpins se rendent à Paris pour manifester devant le Sénat où le projet de loi Rist est examiné, une cinquantaine d’autres se réunissent à Gap cet après-midi devant la caisse commune d’assurance maladie.