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Consultations à 50 € : une solution nécessaire pour « préserver la médecine de ville » ?

Doubler le tarif des consultations : c’est l’une des solutions qui permettrait de « préserver la médecine de ville » selon le collectif « Médecins pour demain ».

Pour ces professionnels, le diagnostic est clair : ce secteur de la santé est en danger. En effet, à l’heure actuelle, 87 % de la France est un désert médical, selon le gouvernement, et 40 % des médecins ne s’installent jamais et préfèrent le salariat ou les remplacements, d’après le collectif. Voilà pour les symptômes, qui se répercutent en premier lieu sur les patients. Quant au remède, Julie Dupuy, médecin généraliste à Aubagne dans les Bouches-du-Rhône et l’une des portes-parole de « Médecins pour demain » en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le présente.

Une revalorisation de l’acte de médecine générale, c’est-à-dire la consultation à 50 €.

Le collectif s’est formé en septembre dernier sur les réseaux sociaux à partir d’un constat d’épuisement et de ras-le-bol partagé par de nombreux professionnels. Il revendique plus de 14 000 membres dans toute la France à l’heure actuelle.

De l’avis de « Médecins pour demain », les consultations à 50 €, supportées par la Sécurité sociale et les mutuelles et sans reste à charge pour les patients, présenteraient deux avantages. Pour commencer, un meilleur accès aux soins, en incitant davantage de diplômés à s’installer. Les 25 € actuels ne sont plus assez attractifs, juge le collectif.

C’est pas suffisant. Il y a la face de l’iceberg qu’on voit, 25 €, mais derrière il y a énormément de charges. On en garde environ 10 €.

Second bienfait de cette mesure, selon Julie Dupuy : améliorer la qualité des soins, dans un contexte où les médecins généralistes se voient contraints de pallier la raréfaction des spécialistes.

Pouvoir investir dans nos outils de travail pour pouvoir faire de la médecine de qualité. Déjà les locaux, pouvoir faire venir un assistant médical, une infirmière. Et puis les moyens pour le diagnostic et la prévention. On manque aussi de spécialistes, donc on est amenés, nous, généralistes, à se diversifier de plus en plus. Et donc pour ça il nous faut plus de moyens.

Et en prime, une consultation à 50 € permettrait de réaliser des économies en soignant plus et mieux, assure « Médecins pour demain ».

À 50 € on peut faire de la meilleure médecine, voir peut-être plus de patients en dégageant du temps médical : en embauchant des secrétaires ou assistants médicaux pour nous aider dans beaucoup de tâches administratives. On a un temps administratif qui est d’environ 20 % dans nos journées, ce qui est énorme.

Les négociations pour la nouvelle convention médicale qui lie les caisses d’assurance maladie et les représentants des médecins libéraux sont ouvertes depuis le 9 novembre. C’est pour porter ses revendications et « alerter les politiques » que le collectif « Médecins pour demain », soutenu par plusieurs syndicats, a appelé à la grève ces 1er et 2 décembre. Au cas où il n’est pas entendu, il prévoit d’ores-et-déjà une « grève dure » d’au moins deux semaines à partir du 26 décembre.

Et si le tarif des consultations n’augmente finalement pas, ces généralistes redoutent l’apparition d’une « médecine à deux vitesses ». Des professionnels pourraient être de plus en plus nombreux à se déconventionner pour proposer des honoraires libres et non remboursés, inaccessibles aux patients aux revenus modestes.