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n°20 : Biodynamie

  • LES DEUX INTERVIEWES : Je reçois aujourd’hui Thérèse FOKCIK MEVEL maraichère bio à Embrun et formatrice et René BECKER ( ex président de Terre de Liens qui a fait un interview Sur France Inter CA VA MIEUX EN LE FAISANT 27 octobre 2023 T : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ca-va-mieux-en-le-faisant/terre-de-liens-5715733 : TERRE DE LIENS c’est 8000 donateurs actionnaires, des centaines de bénévoles, 50 salariés et combien de terres et d’hectares……..) et son livre : https://www.bio-dynamie.org/produit/repenser-lelevage-une-voie-vers-la-dignite/) qui vont nous aider à comprendre en quoi la biodynamie peut nous aider dans le combat que l’homme mène pour arrêter la destruction de la biodiversité :
  • LE CONCEPT Une partie de ce concept consiste à pousser les principes du bio, comme l’utilisation judicieuse du compost, mais une autre partie est franchement différente et s’apparenterait à l’homéopathie comme l’utilisation de décoctions pour vivifier le sol, mais l’homéopathie et par ailleurs en partie critiquée par certains canaux officiels alors que de nombreux patients y trouve leur compte : peut-on dire que le bio nourrit le sol et le biodynamie le nourrit et le soigne :
  • LES INCOMPREHENSIONS : Pourra t on un jour expliquer certains résultats car dans un monde de fake news , il est difficile de dire aux gens qu’il faut y croire : n’est-ce pas simplement l’extrême compétence de ces maraîchers comme Thérèse qui ont une grande connaissance du sol et de son traitement ainsi que celui de la plante qui permettent d’expliquer les résultats « Dans mes formations, je ne demande pas aux paysans de croire, je n’affirme rien, je parle plutôt de tendances qu’on constate, de jours favorables », explique René Becker, qui aimerait que soient abolies des frontières aujourd’hui étanches entre démarche scientifique et intuition. « Il faut arrêter d’opposer deux visions du monde, il y a aujourd’hui un côté binaire funeste – les camps du pour et du contre s’opposent. Il faut sortir de cette opposition entre une science qui saurait tout expliquer et des pauvres paysans qui suivraient des croyances ancestrales », plaide celui pour qui le Cantal recèle encore un savoir vivace en la matière.
  • LA POLEMIQUE : la biodynamie a été donc imaginée en 1924 par STEINER qui n’était pas agronome mais qui a eu plusieurs intuitions comme la médecine l’anthroposophie et les écoles Steiner : ces dernières philosophies ont été attaquée à une époque (mais plus maintenant) par la MIVILUDES (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Est-ce là aussi, une difficulté à comprendre une pensée différente, ou est-ce une vengeance d’un ancien membre qui veut régler des comptes : https://www.liberation.fr/checknews/2018/10/30/l-anthroposophie-est-elle-une-secte_1688775/ et https://tribunedelyon.fr/politique/quel-est-le-probleme-avec-lanthroposophie/ 
  • VOYONS CE QUI MARCHE : LES REUSSITES NATIONALLES VOIRE EUROPEENNES : ECOVITISOL Avec Lionel RANJARD de l’INRAE : dans BIOCOOP Culture Bio n° 131 du printemps 2024 : il dit La méta analyse internationale que nous avons réalisé place la biodynamie en tête. EcoVitiSol est né en 2019 d’un projet de recherche participative coordonné par l’UMR Agroécologie de l’INRAE de Dijon et cofinancé par l’Office Français de la Biodiversité) et le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne. Il a pour objectif scientifique de combler le manque de connaissances sur l’impact des modes de production (conventionnel, AB, Biodynamie) sur la biodiversité et la matière organique des sols. Il a aussi pour objectif de sensibiliser les viticulteurs aux nouveaux outils de diagnostic de la qualité agroécologique des sols à même d’évaluer l’impact et la durabilité de leurs pratiques de gestion des sols. La force d’EVS est de faire appel à des approches de recherche-action-participative impliquant directement des réseaux de viticulteurs à l’échelle d’un territoire. Ces derniers sont impliqués dans un processus de co-interpétation des résultats et d’échange de savoir sur les pratiques les plus vertueuses pour concilier objectif de production, stockage de matière organique et promotion de la biodiversité du sol. La force d’EVS réside aussi dans la robustesse du diagnostic de la qualité agroécologique des sols, garantie par la mesure d’indicateurs de physico-chimie et de microbiologie du sol développés et validés par la recherche et associés à des référentiels d’interprétation nationaux. Initialement centré sur les territoires alsacien et bourguignon (EVS-1.0 2019-2021) ou le taux de satisfaction des viticulteurs impliqués est supérieur à 90%, EVS évolue pour répondre à une demande grandissante du monde viticole en se lançant dans un « tour de France » des vignobles dès 2022. En ciblant un nouveau vignoble chaque année, ce projet doit, d’ici à 2030, tendre vers une couverture nationale représentative des principaux vignobles français. Les enjeux sont importants. Il s’agira à terme d’identifier de façon robuste et générique les pratiques viticoles les plus à même de répondre aux enjeux de la transition agroécologique et du changement climatique.

 

  • RECUL : LE POINT DE VUE DE MARC ANDRE SELOSSE DANS NATURE ET PREJUGES Chez Actes Sud 438 pages 25 euros

A ce sujet, je voudrais aborder deux exemples d’actualité : l’homéopathie et la biodynamie, entre lesquelles existent d’étroits parallèles. Ces deux pratiques naissent d’attentes sociétales auxquelles la science est restée sourde : l’homéopathie a grandi d’une insatisfaction face à la médecine traditionnelle et dans la crainte des effets secondaires médicamenteux ; la biodynamie s’est épanoui face à une agronomie limitée à une agriculture conventionnelle. Toutes deux sont nées d’hommes moins informés que les spécialistes actuels : le médecin Samuel Hahnemann ne disposait pas des connaissances modernes sur le corps humain et les microbes ; le philosophe et occultiste Rudolf Steiner parla vers la fin de sa vie d’agriculture sans la connaître et seulement pour y remettre de « l’éthérique » (une forme d’énergie en occultisme). Par la suite, les praticiens inspirés par ces maitres ont élaboré des gestes empiriques incluant une grande attention, respectivement aux patients et aux cultures : observation et présence humaine sont la richesse actuelle de ces pratiques. L’attention des homéopathes aux patients favorise l’effet placébo (du latin placere, plaire) : ce mécanisme psychologique et physiologique non lié à la nature du traitement améliore l’état de 30 à 40 % des patients. En biodynamie aussi, la satisfaction des praticiens peut relever d’un effet placebo affectant leur évaluation des cultures…Mais surtout, leur attention accrue aux cultures améliore leurs productions : par exemple, la vigilance étant la clé d’une fermentation réussie, elle peut expliquer les succès en dégustation aveugle des vins biodynamiques……Chaque fois que les scientifiques laissent de côté les questions de leurs concitoyens, ceux-ci cheminent quand même, sans la science. Tôt ou tard, elle sera convoquée dans le débat au prix de deux problèmes. Premièrement, l’idée rôde entre-temps que la science n’explique pas tout, voire, quand elle entame l’analyse, qu’elle brime l’opinion. Deuxièmement, les pratiques développées empiriquement prennent peu à peu une complexité et une variabilité à démêler qui compliquent les travaux qui ont été différés. Il ne faut donc jamais laisser s’installer de silences entre scientifiques et citoyens : tous peuvent profiter des échanges