L'aérodrome de Gap-Tallard vu de la route de Châteauvieux à Tallard. Par Fr. Latreille, Travail personnel, CC BY-SA 3.0

Nuisances sonores autour de l'aérodrome Gap-Tallard : les élus locaux changent de tactique

Avec 55 000 atterrissages ou décollages par an, soit en moyenne 150 par jour, l’aérodrome de Gap-Tallard est un « gros aérodrome dans sa catégorie, voire un très gros aérodrome », selon le vice-président des Hautes-Alpes Marcel Cannat, en charge notamment des aérodromes. Atout économique pour les uns, nuisance sonore pour les autres, entre usagers et élus locaux, c’est à qui fera le plus de bruit.

La problématique des nuisances sonores générées par les survols de communes autour de l’aérodrome de Gap-Tallard revient régulièrement sur la table. Mais en prenant quatre arrêtés municipaux interdisant le survol de leur commune entre 12h15 et 14h15 en semaine et sur l’ensemble du weekend dès le vendredi soir, les maires concernés veulent faire du bruit, espérant en retour obtenir du silence.

Lettret, Curbans dans les Hautes-Alpes, Claret et Barcillonnette dans les Alpes de Haute-Provence, quatre élus locaux ont signé de concert des actes administratifs similaires. Rémi Oddou, maire de Lettret et ancien conseiller départemental revient sur les principales causes des nuisances sonores vues par les habitants.

Le président de l’association AGATHA - qui représente les usagers de l’aérodrome, rappelle que le droit de l’air est régi au niveau européen. Il estime donc que la portée de cette démarche ne peut être que symbolique. Toutefois, Jean-Marc Genechesi « n’ignore pas le message », conscient de « la fragilité de l’équilibre qu’il faut préserver [entre activité de l’aérodrome et bien-être des habitants] » .

L’association AGATHA a d'ailleurs mis au point une charte de “bonne conduite", notamment pour limiter les nuisances sonores. Sauf que celle-ci n’est en rien contraignante. Et surtout reconnaît Jean-Marc Genechesi, elle n’est pas respectée à 100 %. En particulier par des personnes extérieures au département, assure-t-il. Par exemple, un pilote en provenance d’Avignon aurait tendance à vouloir passer au plus court, quitte à ignorer le point d’entrée sud de l’aérodrome qui contourne des zones habitées et donc sensibles.

Ceci étant, les écarts à l’origine des nuisances seraient le fait d’une minorité d’usagers, insiste Rémi Oddou, qui estime par ailleurs que la charte est peu efficiente.

Le Président du département Jean-Marie Bernard a immédiatement réagi à la publication des quatre arrêtés, pointant qu’ils seraient probablement retirés du fait que les communes n’ont aucune compétence sur le droit de l’air. Le maire de Lettret en est bien conscient mais son objectif est ailleurs.

Rémi Oddou espère que cet « électrochoc » amènera le Département à organiser une concertation pour trouver une solution. Le maire de Lettret en a justement une à proposer : « la création d’un poste de brigade de gendarmerie aérienne, pour que les contrevenants puissent être sanctionnés ». C’est actuellement la brigade de gendarmerie des transports aériens de Marignane – dans les Bouches du Rhône – qui est chargée de sanctionner les écarts. « Il est évident que les gendarmes ne peuvent pas être là tous les jours » reconnaît Marcel Cannat, qui indique qu’il n’appartient pas au Département de mobiliser les forces de l’ordre.