L'équipe de "Donnons des elles au vélo" autour de Chantal Eymeoud, maire d'Embrun / Crédit photo : ram05

« Montrer qu’on en est capable » : elles promeuvent le cyclisme féminin en précédant le Tour de France

« Défendre la cause féminine dans le sport, et notamment dans le cyclisme » : c’est la mission que se fixe depuis 10 ans l’association « Donnons des elles au vélo » en parcourant le Tour de France un jour avant la compétition officielle. Les coureuses sont parties d’Embrun ce jeudi matin.

Elles étaient 9 ambassadrices, rejointes pour l’occasion par une quinzaine de cyclistes locaux, femmes et hommes, à prendre le départ d’Embrun à 8h30 aujourd’hui en direction d’Isola 2000, dans les Alpes-Maritimes. Des ambassadrices, différentes chaque année, qui réalisent l’ensemble du parcours du Tour de France en « J-1 », c’est-à-dire un jour plus tôt que la course masculine.

Claire Floret est la créatrice de cette initiative, née il y a 10 ans dans un club cycliste de l’Essonne.

Quand je suis arrivée dans ce sport j’ai découvert qu’il y avait si peu de femmes dans le cyclisme que je me suis dit que le Tour de France était sûrement le meilleur moyen pour parler de cyclisme féminin, au moment où tous les projecteurs sont tournés vers le vélo. C’est parti d’une inspiration par Éric Fottorino, alors journaliste au Monde, qui avait lancé un J-1 avec des jeunes issus de la diversité. On s’est dit qu’on pouvait faire la même chose pour les femmes et ainsi, en réalisant un exploit sportif, attirer l’attention sur les inégalités qu’il pouvait y avoir dans notre sport et inspirer aussi d’autres femmes à se mettre au vélo.

Claire Foret

Pourquoi mettre le projecteur sur le cyclisme féminin ? La réponse de Séverine Choffat, l’une des ambassadrices de cette édition de « Donnons des elles aux vélo » et professeure d’EPS en Bretagne.

C’est important parce qu’il n’y avait pas de visibilité, aux yeux des gens ça n’existait pas. Jusqu’à maintenant il y avait moins de 10 % de licenciés à la fédération française de cyclisme qui étaient des femmes, ce qui était révélateur peut-être du manque d’accès qu’on leur permettait. Donc on a milité pour ça et on travaille sur le développement du cyclisme féminin, que ce soit au niveau amateur, professionnel. On ne peut pas proposer à des petites filles de faire du vélo si elles n’en voient pas. Pouvoir en voir à la télé, voir des courses, ça aide à donner envie à des enfants de se projeter.

Séverine Choffat

Justement, la cycliste présente les avantages qu’elle trouve à ce sport.

C’est un très beau sport car il permet une dépense énergétique tout en se faisant plaisir, parce qu’on voit des paysages grandioses. Ça nous permet de visiter le pays, de voir des choses qu’on ne peut pas forcément voir lorsqu’on est en voiture et que ça va beaucoup trop vite. Et puis parce qu’il y a une dépense physique, énergétique, qui est quand même assez souple, il n’y a pas de traumatisme comme chez certains sports.

Séverine Choffat

Claire Floret se félicite d’une victoire acquise il y a quelques années, même s’il reste encore une marge de progrès sur la promotion du cyclisme féminin.

On peut dire que le bilan est positif puisque sur les objectifs qu’on poursuivait au départ on en a déjà atteint un : l’organisation d’un Tour de France féminin. Pour ce qui est du développement de la base et de la promotion du cyclisme féminin, il y a encore un petit peu de travail. Mais on est sur le pont, et on voit de plus en plus de femmes sur des vélos qui se fédèrent autour de groupes de femmes cyclistes ou qui vont rejoindre des groupes mixtes. C’est une bonne chose mais il y a encore un peu de travail.

Claire Floret

« Montrer qu’on était capable de réaliser le Tour de France également et qu’on méritait d’avoir l’organisation d’un Tour de France pour les femmes » était en effet l’une des revendications de « Donnons des elles aux vélo », abonde Séverine Choffat. La troisième édition de cette course féminine, organisée, comme pour les hommes, par ASO, aura lieu du 12 au 18 août prochains.

Quant à « Donnons des elles aux vélo », ce n’est pas une course mais une « randonnée » : il s’agit d’aller le plus vite possible tout en restant groupés, a rappelé avant le départ Mathieu Istil, coordinateur du peloton. Les cyclistes sont encadrés par une équipe composée de mécaniciens, kinésithérapeutes, responsables de la logistique et de l’informatique, et de motards assurant la sécurité vis-à-vis des autres usagers de la route.

Aujourd’hui, l’étape, difficile, est d’une longueur de 144 km pour 4 400 mètres de dénivelé positif. Le peloton mise sur une vitesse moyenne de 19,5 km/heure, ne s’accordera que 3 pauses de 10, 30 et 10 minutes, et prévoit d’atteindre Isola 2000 à 19h.