Logements vacants : cette approche fait ses preuves pour les faire revenir sur le marché locatif dans les Hautes-Alpes
De 2024 à 2025, dans le Champsaur Valgaudemar, le Guillestrois Queyras et le Pays des Ecrins, l’Agence d’information sur le Logement des Hautes-Alpes a accompagné des propriétaires de logements vacants pour remettre des biens sur le marché locatif longue durée. Les résultats sont déjà au rendez-vous.
Les études proposant des solutions pour lutter contre la vacance des logements sont nombreuses, mais « ne semblent pas adaptées à notre territoire », explique Marine Bererd, directrice de l’ADIL. « On dit souvent que sur nos territoires [ndlr : ruraux et de montagne], on fait de la dentelle. » C’est pourquoi un état des lieux et un accompagnement personnalisé aux propriétaires ont été réalisés sur les communautés de communes du Champsaur Valgaudemar, du Guillestrois Queyras et du Pays des Écrins. « On s’intéresse à ce qu’on appelle la vacance structurelle, soit l’absence d’habitants dans le logement depuis plus de deux ans », précise-t-elle. En effet, en dessous de cette durée, un logement inoccupé l’est en raison « du mouvement naturel des marchés », le temps d’être loué, vendu ou transmis.
Des propriétaires plutôt « locaux »
Premier enseignement des études réalisées, la manne de logements vacants est significativement moins importante qu’on pourrait le croire, car plus de la moitié des biens déclarés vacants sont en réalité des résidences secondaires. Ensuite, pour les logements effectivement vacants, l’étude a permis de brosser le « portrait type » des propriétaires : très souvent des locaux qui ont leur résidence principale dans les Hautes-Alpes, les Alpes de Haute-Provence ou dans la Drôme. « Des personnes qui connaissent le territoire et s’y intéressent et qui sont souvent attentives à ce qu’on leur dit lorsqu’on explique qu’il est important de recréer une offre de logement à l’année, avec les conséquences que cela peut avoir sur la vie, les écoles, les commerces au niveau de leur village », indique Marine Bererd. La plupart des personnes concernées ne possèdent qu’un bien vacant qui est dans la famille depuis longtemps et elles n’entrent pas dans les catégories de revenus supérieures. Enfin, les études ont permis de mettre en lumière les trois principales causes de la vacance.
Des travaux conséquents et des revenus souvent modestes
Pour près d’un bien sur deux, ce sont les critères de décence qui empêchent les propriétaires de louer, notamment une performance énergétique insuffisante. Dans ce cas, le coût des travaux nécessaires peut être dissuasif. « On peut accompagner sur des plans de financement, indique la directrice de l’ADIL, voire évaluer l’enveloppe des travaux obligatoires à effectuer au sens de la loi, et réfléchir à comment les financer. »
La crainte d’impayés ou de dégradations
Autre cause de vacance pour près d’un tiers des biens : des propriétaires confrontés à de mauvaises expériences de location dans le passé et qui restent échaudés, ou des propriétaires craignant les impayés. « Certaines situations sont tellement médiatisées que cela peut effrayer », observe Marine Bererd. D’où l’accompagnement proposé pour sécuriser les propriétaires. Alors que les baux oraux sont encore fréquents, l’ADIL apporte de l’information pour éviter les baux mal rédigés ou inadaptés et qui laissent les propriétaires en difficulté face à de potentielles situations d’impayés.
Des biens empêtrés dans des successions
Enfin, certains biens restent vacants du fait de successions qui s’éternisent, particulièrement pour les propriétés en indivision. Dans ce cas, un conseil est également apporté pour tenter de dénouer la situation.
35 logements déjà sortis de la vacance
Au Pays des Écrins, le travail sur ces trois axes porte déjà ses fruits. Sur les 130 logements effectivement vacants, 117 propriétaires ont été contactés et accompagnés, 74 entretiens réalisés pour apporter un conseil personnalisé et 35 logements déjà sortis de la vacance. Une étude similaire en cours sur la communauté de communes du Sisteronais Buëch doit se terminer fin 2026. Ces programmes menés par l’ADIL sont soutenus financièrement par la DDT 05, souligne Marine Bererd, et « grâce à la mobilisation des élus, des techniciens locaux et de la DDT 05 ».