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Les procureurs demandent plus de moyens pour lutter contre les violences conjugales

Les procureurs de France tapent du point sur la table : dans une démarche commune menée hier, ils dénoncent les accusations de laxisme dont la justice fait l’objet, et demandent plus de moyens pour lutter contre les violences conjugales.

Une justice pas assez sévère : cette accusation trouve de plus en plus d’écho ces dernières semaines, de la part de certains syndicats de policiers et de personnalités politiques par exemple, et notamment à plusieurs féminicides qui auraient été commis par des conjoints déjà identifiés comme violents.

Pour Florent Crouhy, procureur de Gap, comme pour de nombreux autres procureurs en France, ce procès en laxisme est inacceptable, et « fragilise dangereusement les institutions démocratiques ». D’une part parce que les chiffres démontrent le contraire, selon Florent Crouhy.

Accusation inacceptable également pour le procureur de Gap, car les magistrats ne font qu’appliquer la loi. Si laxisme il y a, c’est au législateur de modifier les dispositions pénales.

Quatre fois moins de moyens que la moyenne européenne

Les procureurs qui se mobilisent depuis hier rappellent aussi qu’ils manquent cruellement de moyens au quotidien, et en particulier de moyens humains. Alors qu’en Europe la commission européenne pour l’efficacité de la justice dénombre en moyenne 12 procureurs pour 100 000 habitants, ce taux tombe à 3 pour 100 000 en France. Il faudrait donc 17 procureurs dans les Hautes-Alpes pour atteindre la moyenne européenne, alors que le tribunal de Gap ne compte que 3 magistrats à l’heure actuelle. Trois magistrats pour traiter 10 000 affaires par an, dont certaines très graves.

Florent Crouhy demande donc a minima 2 magistrats supplémentaires, ainsi que des greffiers et des assistants spécialisés, pour étoffer le tribunal de Gap, en particulier en terme de lutte contre les violences conjugales. Il s’agit en effet de la première priorité du parquet de Gap, et ces affaires demandent de pouvoir y investir du temps.

Dans les Hautes-Alpes, les affaires de violence conjugales sont en forte hausse : +20 à 25 % d’augmentation entre 2019 et 2020, une tendance qui se confirme sur les premiers mois de 2021. Ce qui porte à 300 voire 400 le nombre de faits constatés chaque année dans le département. Dernièrement, un habitant de Guillestre a ainsi été mis en examen puis placé en détention suite à un flagrant délit de viol, les faits se sont produits jeudi dernier.

Dans ce contexte de défiance envers la justice, Emmanuel Macron a annoncé samedi le lancement d’États Généraux de la justice. Le mot de la fin au procureur de Gap, qui estime qu’il faut en effet redonner sa place à la justice.