Le théâtre La Passerelle lance une plateforme de covoiturage pour améliorer son empreinte écologique

Le monde de la culture n’échappe pas aux remises en question de ses pratiques pour diminuer son empreinte carbone.

Conscient du nombre de spectateurs qui utilisent leur véhicule pour se rendre au théâtre, la Passerelle à Gap, a élaboré une plateforme de covoiturage directement intégrée à son site, simple d’utilisation et sans frais de réservation.

En effet, un nombre important de personnes se rendent au même endroit, à la même heure exactement - c’est à dire un peu avant les représentations, dans un département où quelques grands axes routiers principaux desservent Gap, à l’instar de la N94. Un cadre très favorable au covoiturage, qui au-delà de réduire le bilan carbone de la culture, présente d’autres intérêts, selon Philippe Ariagno, le directeur de La Paserelle.

Cette plateforme est toutefois « le minimum que [le théâtre] puisse faire » précise Philippe Ariagno. Pour décarboner réellement le spectacle vivant, il faudra reconsidérer l’activité avec une approche globale. En interne et dans le monde de la culture, la nécessité de changer les pratiques est désormais bien ancrée assure Philippe Ariagno.

Selon le rapport du Shift Project « Décarbonons la culture », publié en 2021, en diminuant la part de la voiture de 65% à 40% pour la venue des spectateurs, les « salles de spectacle moyennes en périphérie » pourraient diminuer de 5,5 % leurs émissions de CO2. Mais le principal poste auquel doivent s’atteler les théâtres est lié au « Transports des équipes programmées et des oeuvres ». Le Shift Project estime qu’il est possible de baisser de 66 % les émissions des théâtre en mutualisant les déplacements des compagnies avec d’autres établissements proches, en augmentant la durée de leur séjour sur place, par exemple en leurs proposant des résidences, des ateliers à destination des scolaires. Toujours dans l’idée de limiter le nombre de véhicules sur les routes, le Shift Project préconise une éco-conception des spectacles et une mutualisation locale du matériel, plutôt que de déplacer de grandes quantités de décors ou d’équipements, souvent par semi-remorques.

La passerelle ne part pas de zéro. Elle fait partie du réseau Traverses, qui facilite la mutualisation de tournées d’artistes entre les programmateurs, comme ce sera le cas vendredi avec les Dakh Daugthers qui font une tournée en France et dont le trajet est pensé pour optimiser les déplacements. Le théâtre s’est déjà engagé dans l’accueil d’artistes en résidence, et certaines des compagnies programmées sont très volontaires pour réduire d’elle-même leur empreinte carbone. La Débordante Cie – du spectacle Perikoptô - ne se déplace qu’en train lorsque c’est possible, et a pensé son décor de manière à ne pouvoir utiliser que des éléments déjà présents dans les théâtres.

Dans un autre domaine, Selon le Shift Project, repenser la restauration pour le public permettrait de réduire de 4 % les émissions des salles moyennes. Là-aussi, déjà coché pour La Passerelle, qui explique que pour l’alimentation tout est bio, approvisionné en local, et comprend obligatoirement une option végétarienne.

Ceci étant, relativise la Passerelle, beaucoup d’efforts restent à faire, notamment en matière d’énergie. Par exemple en révisant l’isolation le théâtre et son mode de chauffage.