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Le mystère des communiqués de presse incompréhensibles

« Impulser » une « synergie transversale » afin de « rayonner » au sein du « réseau » des « acteurs du territoire » : face à ce genre de jargon technocratique, le métier de journaliste ressemble de plus en plus à celui du linguiste qui déchiffre des langues mystérieuses.

Après de longues heures d’études minutieuses, la conclusion de ram05 à ce stade est que le principe du dialecte technocratique soit de complexifier les choses un maximum pour masquer le plus possible la réalité. Ce serait alors un cas très rare dans l’histoire du langage chez l’humain : parler pour ne pas dire ce que l’on est sensé dire.

Pour ce faire, l’hypothèse la plus probable est que les individus de cette civilisation technocratique qui rédigent les discours et les communiqués de presse disposent d'une liste de mots plus vagues les uns que les autres, ou en tout cas vidés de leur substance, et devenus complètement interchangeables : « rééquilibrer », « coopération », « gouvernance »... La tendance 2023 est probablement à la « résilience ». Sans oublier les indémodables « innovant », et surtout « acteurs du territoire », qui, d’après nos observations, ne désigne jamais une troupe de théâtre.

L’explication privilégiée est que les chargés de communication en question piochent au hasard dans cette liste pour élaborer leurs textes. Certains chercheurs avancent l’hypothèse selon laquelle ces individus se livrent à des concours clandestins pour placer un maximum de ces mots à l’insu de leurs lecteurs, mais cela reste à prouver.

En tout état de cause, ces textes se ressemblent tous, et personne ne semble en mesure de les déchiffrer.

Illustration avec un cas pratique

Prenons un exemple, anonymisé, qui nous est arrivé récemment à ram05.

Nous recevons un jour, par mail, une invitation à assister à la signature d’un accord entre différends organismes. L’intitulé est très succin, nous contactons donc la personne référente pour avoir plus de détails.

L’explication que l’on reçoit est tellement alambiquée que ça en devient comique. Et bien sûr nous sommes encore moins avancés.

Une fois sur place, en interviewant les personnes impliquées, on comprend que la réalité est terre-à-terre : un organisme public A donne de l’argent à un organisme public B, ce qui aide l’organisme B à mettre en œuvre des choses qui vont dans son intérêt. Et inviter la presse permet aux deux organismes de montrer qu’ils remplissent les missions que leurs délèguent les citoyens, et au passage que l’organisme A est particulièrement généreux cette année.

Et maintenant que vous avez compris cela, voici des passages du communiqué reçu auparavant.

Nous y apprenons que, je cite, « ce dispositif permet de poser un diagnostic des besoins et de formaliser un schéma de développement partagé [...]. Il comporte par ailleurs des mécanismes financiers permettant de cofinancer le reste à charge des collectivités et de soutenir le développement de postes de coordination. La simplification du dispositif [...] s'appuie sur un cadre contractuel et des modalités de financement rénovées ».

Vous aurez bien noté qu’il s’agit d’une « simplification ».

Mais poursuivons. Cet accord « est une démarche stratégique partenariale qui a pour objectif d'élaborer le projet de maintien et de développement des services […]. Elle s'appuie sur un diagnostic partagé avec les partenaires concernés pour définir les priorités et les moyens dans le cadre d'un plan d'actions adapté. Dans la perspective d'intervenir en cohérence avec les orientations, [les signataires] souhaitent […] renforcer leurs actions sur les champs d' intervention partagés. Cette convention vise à définir le projet stratégique global du territoire […] ainsi que ses modalités de mise en œuvre dans le respect des compétences de chacun ».

Nous avions ici un très beau spécimen de jargon technocratique.

Est-ce que ce langage a déjà été déchiffré ?

Pas à notre connaissance. Pour tenter d’entrer en communication avec cette civilisation technocratique, nous nous exerçons donc à pratiquer sa langue pour vous présenter la grille d’été de ram05 qui commence ce lundi 3 juillet.

Dans l’optique de reconvertir ses compétences avec une logique de dynamisation intelligente, votre diffuseur radiophonique à structure associative a fédéré ses collaborateurs autour d’un projet commun qui dynamisera la période estivale.

Trois flux destinés à promouvoir les initiatives touristiques et évènementielles des acteurs du territoire seront diffusés chaque semaine en direct, lundi, mercredi et vendredi à 9h, puis valorisés stratégiquement grâce à une rediffusion compétitive à 14h30 : « L’été à la loupe ».

Quotidiennement, vous aurez l’occasion d’optimiser votre process apéritif de 18h par l’intermédiaire d’un programme musical performant, baptisé « Summertime », sous la gouvernance de Michel Faton.

Un pôle dédié à l’éclosion de partage de coups de cœur culturels, « L’Apéro Culture », sera promu les vendredi à 12h. 

Le même jour vers 12h40 vous serez interconnectés à des récits intimes avec la rubrique éphémère « Histoires vraies des Briançonnais », initiée par les porteurs de projet créatifs François Beaune et Jack Souvant, et impulsée par le Théâtre du Briançonnais.

Et enfin, ram05 relève le défi innovant de fédérer ses auditeurs autour d’une playlist nocturne et transversale, tous les jours de 22h à minuit, dans un effort de valorisation de ses atouts musicaux.

Bon été 🙂