L’Asie du Sud-Est refuse les déchets occidentaux : quels impacts au niveau local ?

En 2018 la Chine annonçait « ne plus vouloir être la poubelle du monde », pour se concentrer sur le recyclage de ses propres déchets. Depuis, elle a drastiquement réduit ses importations de détritus en provenance des pays occidentaux. Suite à cette mesure, ce sont les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie, qui reçoivent deux fois plus de déchets de l’étranger qu’avant. Trois pays asiatiques qui protestent à leur tour aujourd’hui. Un représentant Sri-Lankais confiait ainsi au quotidien Le Monde « Ici, c’est un pays du tiers monde, nous avons déjà tellement de problèmes, comment pouvons-nous régler ceux des autres ? » D'après Channel News Asia, aujourd'hui 75% des déchets exportés dans le monde atterrissent en Asie. Mais ces dernières semaines, l'Indonésie a renvoyé 7 conteneurs de détritus vers la France et Hong Kong, 42 autres conteneurs vont être réexpédiés aux Etats-Unis, l’Australie et l’Allemagne et enfin le Sri Lanka a retourné à l'envoyeur 111 conteneurs en provenance de Grande-Bretagne.

Face à cette réorganisation du monde du recyclage, les pays européens vont avoir à s'adapter rapidement. Cependant, doit-on, et peut-on, recycler plus ? Ce n'est en tout cas pas l'avis de Jade Lindgaard, journaliste à Médiapart, qui déclarait dans le « 28 minutes » d’Arte :

« L’idée que l'on peut infiniment recycler et toujours recycler ; continuer à produire, produire, produire, puisqu’on pourra toujours recycler, est très dangereuse, parce que c’est faux. Il y a mille exemples. Le papier ne peut pas être recyclé à l’infini, le plastique ne peut pas être recyclé à l’infini... […] Il faut produire moins et il faut relocaliser l’activité sur les territoires. »

Les collectivités seront au premier plan pour expérimenter, et mettre en pratique ces circuits courts. À ce propos, la communauté de communes de Serre-Ponçon sait-elle ce que deviennent ses ordures ménagères, après leur passage en centre de tri ? Réponse de Marc Viossat, conseiller communautaire, fin connaisseur de la gestion des déchets.

Pour Marc Viossat, cette « crise asiatique » des déchets doit être abordée à deux échelles. Tout d’abord au niveau global.

Et au niveau local, quel impact mesure-t-on suite à cette crise ?

D’autant qu’à long terme justement, les pénalités financières vont s’accroître pour les détritus non triés. En effet, la TGAP, taxe générale sur les activités polluantes, va augmenter sur décision du gouvernement. Elle s’applique aux déchets déposés en décharge ou en incinérateur : de 20€ la tonne aujourd’hui, elle passera à 65€ la tonne en 2025. Mais pour Marc Viossat, les incitations financières ne doivent pas être le seul levier pour inciter à une meilleure gestion des déchets.

Rappelons que la comcom de Serre-Ponçon a aussi un projet d’économie circulaire dans le domaine des déchets. Il concernera d’une part les bio-déchets, qui composent plus du quart du poids des poubelles : l’objectif est de les convertir en compost. D’autre part, une sorte de ressourcerie pour matériaux de construction sera mise en place. Les objets en plastique encore en état pourraient éventuellement y avoir leur place.

Enfin, Marc Viossat se dit favorable à la dernière annonce du gouvernement en matière de recyclage. Le ministère de la transition écologique a déclaré en juillet dernier souhaiter revenir au système de la consigne. Elle devrait concerner les emballages de boissons, qu’il s’agisse de plastique, de verre ou encore de canettes métalliques. C’est un élément du projet de loi anti-gaspillage qui doit permettre d’atteindre l’objectif « 100 % de plastique recyclé » fixé à 2025 par le Premier Ministre.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/asie-sud-est-pollution-philippines-canada-dechets_fr_5cf0bf14e4b0a1997b67f914