La vallée de la Durance est polluée aux particules fines, principalement à cause du chauffage au bois
La vallée de la Durance n’échappe pas à la pollution aux particules fines, et le chauffage au bois en est la source principale. Ce sont les conclusions d’une étude menée dans les Hautes-Alpes en 2023 et 2024.
Jusqu’à présent, la présence des particules fines dans l’air des territoires alpins était peu documentée. L’organisme Atmosud, chargé de la surveillance de la qualité de l’air en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a remédié à cette lacune via un rapport publié en octobre dernier.
L’étude a porté sur deux types de très fines poussières : les PM10, au diamètre inférieur à 10 micromètres, et les PM2.5, inférieures à 2,5 micromètres. En effet, « il y a des certitudes sur la dangerosité des particules fines », signale Sébastien Mathiot, chargé d’action territoriale chez Atmosud notamment pour les Hautes-Alpes. Ces poussières « provoquent des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que des cancers », alerte l’Organisation mondiale de la santé.
Les niveaux de pollution ont été relevés grâce à une dizaine de stations disposées entre Gap et Briançon, et ce entre l’été 2023 et l’été 2024. Bilan : c’est dans la ville de Gap que les valeurs les plus élevées ont été mesurées. Les autres secteurs sont également concernés par la pollution, bien que ce soit sans commune mesure avec les niveaux élevés mesurés dans la vallée de l’Arve en Haute-Savoie, précise Atmosud.
Dans le détail, en valeurs moyennes annuelles, la concentration en PM10 respecte le nouveau seuil édicté par l’Union européenne (20 μg/m3), mais franchit la ligne directrice de l’OMS (plus restrictive, 15 μg/m3) à Gap et Saint-Chaffrey, avec 16 μg/m3.
La concentration en PM2.5 est plus préoccupante. Avec des valeurs situées entre 7 et 11 μg/m3, toutes les stations de mesure dépassent largement les limites indiquées par l’OMS (2,5 μg/m3), et celle de Gap dépasse même celle donnée par l’UE (10 μg/m3).
Deux facteurs accentuent particulièrement la pollution en particules fines : être en fond de vallée, et en hiver, explique Sébastien Mathiot, d’Atmosud.
Le fond de vallée est un lieu qui accumule le plus de particules par l’effet gravitationnel. Quand il fait froid et qu’il y a peu de vent, la dispersion verticale est réduite à néant. C’est clair que c’est en hiver, quand la situation météorologique est défavorable et, surtout, quand il y a une source supplémentaire d’émissions qui est le chauffage qui se met en en place, que les niveaux les plus élevés s’observent partout dans le territoire, et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les sources de pollution en particules sont multiples, mais dans la vallée de la Durance le rôle du chauffage au bois est largement prédominant.
Le chauffage, et notamment la combustion de bois, est la première source d’émission de particules dans notre territoire. C’est de l’ordre de 70 % à 80 % des particules émises dans les Hautes-Alpes. C’est plutôt de l’ordre de 50 % dans les Bouches-du-Rhône. Dans la combustion de bois, il y a plusieurs choses : un foyer ouvert est une très grande source d’émission, un foyer fermé c’est un peu mieux, une chaufferie collective au bois émet elle aussi des particules, assurément, mais minimise grandement son rejet. Parce qu’il y a des filtres, que le bois en entrée est regardé sur son degré d’humidité, il y a tout un travail de professionnel autour de ça.
La tendance actuelle d’un déploiement de chaufferies collectives au bois est-elle donc une bonne nouvelle ?
Pour améliorer la qualité de l’air, le sujet de l’énergie et du climat, il y a plusieurs solutions. Les chaufferies à biomasse sont une des réponses, mais il faut pas que ce soit la seule. C’est sûrement une meilleure solution qu’une chaufferie au fioul. La chaufferie à biomasse est une solution, mais il ne faut pas la dépeindre comme une solution sans émission. Et donc il faut être vigilant dans son implantation et dans son entretien.
« Une chaufferie collective biomasse qui remplace je ne sais combien de foyers ouverts, c’est un gain assuré en termes d’émissions », ajoute également Sébastien Mathiot.
Par ailleurs, les particules désertiques issues du Sahara influencent ponctuellement la qualité de l’air haut-alpin avec des « niveaux très élevés » en poussières. Enfin, la part du trafic routier dans la pollution en particules fines « n’est pas significative » dans le département, même en période de saison touristique, conclut l’étude. Les voitures impactent plutôt la concentration en oxydes d’azote.
En cette année 2025, Atmosud va continuer d’investiguer dans les Hautes-Alpes, cette fois-ci dans le Queyras et le Champsaur.
Pour en savoir plus sur l’étude menée par Atmosud, rendez-vous dans le Mag’ dans nos podcasts.
Pour savoir comment « bien se chauffer au bois pour moins polluer », consultez ces conseils de l’Ademe, l’agence de la transition énergétique.
Article mis à jour le 05/02/25 avec l’ajout des conseils de l’Ademe.