Station de Réallon, 23 décembre 2022 © Simon Becquet

La station de Réallon vise une autosuffisance en énergies renouvelables de 30%

Le domaine skiable de Réallon emboîte le pas aux stations pionnières des Hautes-Alpes dans la production d’énergies renouvelables. Si la motivation première reste environnementale selon la station, l’inflation est venue renforcer l’intérêt économique de la démarche.

En 2020, Domaine Skiable de France s’est engagé à ce que les stations françaises atteignent la neutralité carbone en 2037. Le domaine de Serre-Chevalier autoproduit aujourd’hui 30 % de sa consommation et s’est fixé pour objectif de la réduire de 10 à 20 % dans les années qui viennent pour atteindre à terme 50 % « d’autosuffisance renouvelable ».

C’est un chemin similaire qu’emprunte Réallon, avec des projets qui devraient voir le jour dès cette année, explique le directeur du domaine skiable Robin Deymier.

Deux projets seront lancés dès le printemps 2023. Une couverture [ndlr : en photovoltaïque] du tapis skieur, et la rénovation de notre bâtiment d'accueil.

Robin Deymier, directeur du domaine skiable de Réallon

Dans un second temps, la station veut aller plus loin en prolongeant le photovoltaïque et en développant l’hydroélectricité.

On est dans l'étude d'un projet de production hydroélectrique. Cela permettrait d'atteindre on l'espère 30% de notre consommation totale produite sur Réallon. Egalement, cela peut avoir une vertu de stockage

Robin Deymier, directeur du domaine skiable de Réallon

Robin Deymier explique que, comme sur le domaine de Serre-Chevallier, l’électricité produite sera autoconsommée. Avec cette configuration, les infrastructures reliées consomment en priorité l’énergie produite par la station, tandis que le surplus est injecté sur le réseau RTE. À l’inverse, quand la station produit moins qu’elle ne consomme, la différence est fournie par le réseau classique.

[L'autoconsommation], c'est un avantage très important, sachant que la revente d'électricité se fait à un prix qui est bien inférieur à celui du marché

Robin Deymier, directeur du domaine skiable de Réallon

Les contrats de revente des énergies renouvelables sont souvent fixés pour 20 ans. Quand les prix du marché explosent, l’autoconsommation redouble d’intérêt. Car au lieu de vendre de l’électricité bien moins chère qu'on ne l’achète, l’énergie produite à bas coût se soustrait à celle, onéreuse, issue du réseau.

Mais pour atteindre la neutralité carbone le chemin sera encore long et coûteux. Selon Domaine Skiable de France, 90 % des émissions directes de GES des stations proviennent des engins de damage qui fonctionnent au gazole. L’électricité française est en effet relativement peu émettrice de CO2. Cet hiver, les premiers prototypes de dameuses hydrogène sont expérimentés en conditions réelles dans plusieurs stations de la Compagnie des Alpes et de la SATA et certaines se sont déjà positionnées pour s’équiper à l’hiver 2023-2024.

Enfin, le chantier encore plus colossal reste celui de la décarbonation du transport des personnes et des bâtiments, qui représente à elle-seule 87 % des émissions totales - émissions directes et indirectes - des stations.