La politique régionale « montagne » reste majoritairement tournée vers le ski, selon la Chambre Régionale des Comptes
Et un, et deux… et trois rapports. Après la Cour des Comptes et la mission d’information du député Joël Giraud, c’est au tour de la Chambre Régionale des Comptes PACA de publier son travail sur « les acteurs publics locaux du tourisme face au changement climatique en montagne ». Une nouvelle fois, la politique de soutien à l’économie du ski est questionnée par les magistrats.
Le rapport se penche notamment sur les deux grands plans Montagne de la Région PACA. Le premier, de 2016 à 2020 « a largement privilégié l’hiver au détriment de la diversification, notamment via la neige de culture et les nouvelles remontées mécaniques [ndlr : 76% du plan Stations de demain] ». Le second « devait opérer un tournant vers une plus grande préoccupation liée aux enjeux climatiques » détaille le document, « mais un premier point d’étape démontre encore l’importance des projets de financement de production de neige et d’équipements de pistes, avec un engagement régional à nouveau inférieur sur les opérations de diversification et de multi-saisonnalité [ndlr : en 2022, 12% des financement du plan Stations 2030 pour la production de neige et 41% pour des équipements liés au ski (engins de damage, télésièges, télécabine par exemple)] ». Les magistrats avancent également que les subventions découlant du deuxième plan ont souvent financé des projets « largement aboutis, voire déjà en cours. » Ce qui « traduit la difficulté pour la région d’impulser une dynamique d’adaptation au changement climatique ». Quant aux investissements effectivement fléchés vers la diversification, leur pertinence serait difficilement évaluable à cause du « manque de données analytiques ». Par exemple, les données de la Région « ne permettent pas à la chambre d’apprécier la répartition des nuitées d’été et d’hiver sur la période 2016-2022 ».
Les stations les plus vulnérables au réchauffement climatique ne sont pas les plus subventionnées
À propos de l’étude Climsnow, commandée par la Région pour que les investissements en montagne soient justement adaptés aux projections climatiques, le rapport évoque un diagnostic « utile mais des conclusions partiellement prises en compte ». Selon la chambre, « aucun mécanisme financier d’envergure n’a été mis en place en vue de la reconversion des stations dont l’activité ski a été identifiée comme fortement menacée ». Par ailleurs, la problématique de la ressource en eau n’est pas traitée par le programme Climsnow, rappellent les magistrats. Pour palier ce manque, une étude sur l’impact de la production de neige sur les ressources locales et les milieux aquatiques doit être commandée par la Région avec des conclusions attendues pour 2025.
Enfin, le rapport observe que les stations les plus vulnérables au réchauffement climatique ne sont pas les plus subventionnées, « deux structures porteuses de stations sont particulièrement subventionnées : le syndicat mixte des stations du Mercantour et l’exploitant de la station de Serre-Chevalier ». Dans sa réponse, la Région indique que « les grandes stations ont bénéficié d’un accompagnement différencié et notamment de financements importants afin de rester concurrentielles à leur échelle ».