Un TER Romans-Briançon entre en gare de Veynes. © Élie Ducos/ram05

La bataille pour le maintien des petites lignes en cours dans les Contrats de Plan Etat-Région

Après l’annonce d’un « plan d’avenir pour les transports » au niveau national, viennent les déclinaisons régionales et concrètes pour le rail. Résultat en région Auvergne-Rhône-Alpes : 54 millions d’euros devraient être investis dans les petites lignes ferroviaires en région d’ici à 2027. Est-ce suffisant ? Non, estime le Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes, qui y voit une véritable « condamnation des petites lignes ». Et en l’état une décision de mauvaise augure pour l’avenir de la ligne Gap-Grenoble.

Le montant présenté se voulait choc, mais il n’a pas dupé les groupes d’usagers. En mars 2023, la première ministre Elisabeth Borne annonçait un « plan d’avenir pour les transports. » 100 milliards d’euros investis d’ici à 2040, dont la répartition devait encore être précisée à travers les volets « Mobilité » des Contrats de Plan Etat-Région.

Le collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes a eu accès au mandat de négociation entre l’État et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Il dresse un constat sévère : le plan ressemblerait davantage à un « plan de fermeture des petites lignes » qu’à un plan de sauvetage, assure Marc, membre du collectif.

«D’une part, 54 M€ c’est ridicule par rapport aux montants qui sont à injecter sur l’ensemble des petites lignes de la Région. Et en plus il y a cette condition que la Région doit participer [ndlr : financièrement] et pour l’instant le président de Région Laurent Wauquiez annonce qu’il ne veut pas mettre un euro sur ces petites lignes »

Marc, membre du Collectif de l'Etoile Ferroviaire de Veynes

Selon le collectif, pour remettre en bon état la portion Gap-Grenoble côté Auvergne-Rhône-Alpes, il faudrait investir 90 M€, soit près de deux fois l’enveloppe prévue pour l’ensemble de la Région. Quant au conditionnement de cette enveloppe au co-financement de la Région, Marc l’analyse comme un bras de fer entre le gouvernement et Laurent Wauquiez, régulièrement évoqué comme potentiel candidat LR à l’élection présidentielle de 2027. Mais à la fin, c’est bien l’usager qui trinque, regrette Marc. Il rappelle qu’en Provence-Alpes-Côte-D'azur, à l’inverse, un accord de co-financement Etat-Région a été trouvé, notamment pour permettre de rénover le Marseille-Briançon.

« On sait que Renaud Muselier [ndlr : président de la Région PACA] est proche du gouvernement. Ils ont trouvé facilement un accord avec un investissement conséquent pour les petites lignes. Et côté AURA il n’y a pas d’accord. Donc il y a d’une part Laurent Wauquiez qui joue sa propre partition et une guéguérre politique avec l’État en refusant de mettre de l’argent. Et de l’autre côté on peut se demande dans quelle mesure l’État ne punit pas Laurent Wauquiez de ne pas s’être investi sur les petites lignes »

Marc, membre du Collectif de l'Etoile Ferroviaire de Veynes

Marc rappelle que 55 M€ ont été investis ces dernières années pour rénover l'infrastructure Grenoble-Gap. Ne pas aller au bout du programme de remise en état de cette ligne reviendrait à avoir « jeté de l’argent public par les fenêtres ». Si l’accord trouvé entre l’État et la Région PACA est une bonne chose pour le collectif, celui-ci regrette qu’à ce stade le Contrat de Plan Etat-Région PACA ne dise « rien » des lignes interrégionales : Gap-Grenoble et Valence Marseille, pourtant support du train de nuit.Il assure que le Collectif de l’Etoile Ferroviaire de Veynes ne lâchera rien sur le maintien d’un réseau interrégional.

« On est vraiment à ce stade inquiet pour les deux lignes interrégionales : Grenoble-Gap et Valence-Veynes. On est sur des négociations difficiles entre l’État et les deux Région. Et on va faire en sorte que les TER ne se cantonnent pas au maintien des lignes purement régionales, mais qu’on conserve une architecture interrégionale. »

Marc, membre du Collectif de l'Etoile Ferroviaire de Veynes