Journée nationale de l’aide à domicile : une reconnaissance symbolique qui appelle surtout une amélioration des conditions de travail
Aujourd’hui a lieu la première journée nationale des aides à domicile. Un secteur vu comme essentiel pour favoriser le maintien de personnes âgées à leur domicile et prendre ce que les politiques publiques qualifie de « virage domiciliaire » mais dans lequel les employeurs peinent à recruter.
Il regroupe 16 associations dans les Hautes-Alpes, gérées pas une centaine de bénévoles, pour un total de 400 salariés qui interviennent annuellement auprès de 3 800 personnes. Le secteur est mis à l’honneur aujourd’hui avec cette première journée nationale de l’aide à domicile, explique Denis Aye, le directeur de l’ADMR, l’une des principales associations employeuses.
Partout dans le département, hier et aujourd’hui, 10 conseillers départementaux, des élus locaux et Claire Bouchet, suppléante du député Joël Giraud, ont suivi l’opération « Vis ma vie » avec des représentants des équipes de l’ADMR.
« Qu’elles » réalisent car ces métiers sont pourvus à 98 % par des femmes selon des chiffres de 2017 de l’Union Nationale de l’Aide, des Soins et des Services aux Domiciles. Dans l’ombre car contrairement aux travailleurs en établissement, l’aide à domicile implique un travail solitaire et de nombreux déplacements pour aller d’un foyer à l’autre.
Pour mille habitants, la France compte 5 fois plus de places en EHPAD que de personnes aidées à leur domicile. Pour pouvoir opérer le fameux « virage domiciliaire » prôné par les politiques publiques, le secteur va devoir opérer une mue.
Le rapport El Khomri paru en 2019 sur les métiers du grand âge a mis en lumière les conditions de travail éprouvantes voire dangereuses pour les salariés. Un taux d’accidents du travail, trois fois supérieur à la moyenne nationale, dépasse d’un tiers celui du BTP, en lien « avec des conditions de travail physiquement et mentalement éprouvantes » pointait le rapport, ainsi que « les postures, les rythmes de travail marqués par une forte pénibilité. ». Dans un rapport de 2022, la cour des comptes citait d’autres études relevant des problèmes de séquence de travail, notamment des horaires de coupe et temps partiel subis, ainsi que de transports.
En 2019, le secteur de l’aide à domicile comptait 17,5% de ménages pauvres parmi ses intervenants contre 6,5% en moyenne pour l’ensemble des salariés. Et malgré une hausse de 15 % pour les salariés d’associations décidées en 2021, les salaires restent peu attractifs au regard des conditions de travail difficiles.
L’opération « vis ma vie » organisée à l’occasion de cette première journée nationale de l’aide à domicile est vue comme une manière de sensibiliser les élus à cet état de fait.
Le communiqué de l’opération se terminait sur ces mots : « au-delà de cette journée nationale que tous les acteurs appelaient de leurs vœux […], il reste indispensable de revaloriser ces métiers. » Comprendre : la reconnaissance toute symbolique liée à cette première journée nationale est un petit pas, mais le secteur en attend surtout des avancées salariales et sur les conditions de travail.