Festival de Chaillol 2024 (c) Alexandre Chevillard

En attendant le festival… l’Espace Culturel de Chaillol dévoile le programme de janvier à juin

Connu pour son festival, l’Espace Culturel de Chaillol s’affirme aussi de manière croissante en tant qu’acteur culturel « à l’année » grâce aux résidences « artistes en présence ». Celles-ci offrent aux artistes un cadre de travail propice à l’élaboration de leurs projets, tandis que les habitants bénéficient de temps de présence d’artistes sur le territoire et de représentations régulières.

La résidence, le directeur de l’Espace Culturel de Chaillol la voit comme un « outil de soutien à la création ». Le principe existait avant la pandémie de Covid 19, mais il connaît à ce moment-là un coup d’accélérateur, notamment grâce à l’aide de l’État. À la fin, c’est un dispositif précieux « pour pouvoir continuer d’accompagner l’émergence de gestes que l’on considère intéressants et précieux à faire surgir » estime Michaël Dian.

Les artistes mènent des projets, et travaillent beaucoup avant de pouvoir avoir exploiter ces projets, c’est à dire d’avoir des cachets. Il y a a souvent un travail invisible et invisibilisé : des recherches de partitions, de collectage pour les musiques traditionnelles, des rencontres… Ce travail est essentiel pour arriver à des projets avec une certaine densité, une certaine profondeur. Il nécessite une accompagnement, et pas seulement financier. Il y a aussi du conseil artistique. Les projets trouvent une définition préalable, et nous, à l’endroit où on est, on connait les dynamiques du secteur culturel. Ils ont besoin d’être légèrement retouchés dans leur définition. Ce sont des retours qu’on peut faire pour induire une petite évolution. C’est de la mise en réseau, du travail photographique…

Michaël Dian, directeur de l’Espace Culturel de Chaillol

« Artistes en présence » c’est aussi un outil pour « voir venir les projets » explique Michaël Dian, voire permettre un « compagnonnage ». Un terme régulièrement employé par le directeur de l’Espace Culturel de Chaillol pour désigner les relations privilégiées qui se tissent avec certains artistes. L’exemple le plus emblématique est celui de l’artiste haut-alpine Mandy Lerouge.

On a accompagné cette artiste bien avant qu’elle n’ait son premier album en vue. Il y avait une intention, une intuition, et on a accompagné ça avec de la résidence et des premiers concerts. Aujourd’hui c’est une artiste qui vole de ses propres ailes, avec une compagnie très reconnue. Son deuxième album, qui va être absolument magnifique, a été créé à Chaillol. On est dans une logique d’offrir tout ce dont un artiste peut avoir besoin pour qu’un projet puisse grandir et se présenter au public dans les meilleures conditions.

Jusqu’au lancement du festival – point d’orgue de la saison artistique de l’Espace Culturel de Chaillol, six ensembles vont s’installer dans les Hautes-Alpes le temps d’une résidence.

The Curious Bards Sublimation – Musiques traditionnelles scandinaves

Extrait n°1

Rundinelle Julie Lobato & Laetitia Marcangeli – Chants pastoraux du Portugal et de Corse

Extrait n°2

Aerial Alexandra Lehmler & Franck Tortiller – Jazz d’aujourd’hui pour saxophone et vibraphone

Extrait n°3

Duo Brajtman – Chansons et mélodies françaises d’hier et d’aujourd’hui

Extrait n°4

Duo Neria Natacha Colmez-Collard & Camille Belin – Compositrices classiques d’hier et d’aujourd’hui

Extrait n°5

Marc Crofts Klezmer Ensemble – Musique klezmer

Extrait n°6

Chaque résidence donne lieu à une série de concerts. Fin-janvier, on pourra par exemple entendre les Curious Bards : vendredi 17 janvier à 20h30 au Fayore à Chaillol, samedi 18 janvier à 20h30 à l’église d’Aspres-sur-Buëch, dimanche 19 janvier à 18h à l’église de la Bâtie-Neuve.

Seule ombre au tableau, les incertitudes sur le soutien de la Région et de l’État, du fait de l’instabilité politique nationale. Sans budget adopté, difficile d’établir un budget prévisionnel précis. La Région, elle, a en revanche déjà voté son budget. Si des arbitrages restent à faire, les ordres de grandeur sont déjà connus.

La Région a communiqué sur un pourcentage de baisse du budget Culture de -10%. On est en discussion permanente avec les services Culture. On va avoir une baisse c’est évident et on esquisse des scénarios. Je dis notamment à mes interlocuteurs qu’il y a dans les Hautes-Alpes et dans les territoires de montagne, peu d’opérateurs par rapport à la densité d’acteurs qu’il y a à Marseille, donc une attention peut-être plus importante apportée au fait que l’on ait assez peu d’amortisseurs. On a de petites équipes, avec une efficience budgétaire qui d’ailleurs est reconnue, tout le monde nous félicite. J’invite à ce que l’exécutif régional considère ces acteurs qui sont peu nombreux et sur une efficience avec des budgets relativement modestes par rapport à de très gros équipements majoritairement concentrés dans les grandes villes et la métropole marseillaise.

Le coup d’envoi de la saison 2025 est donné. À ceci près, comme le signale Michaël Dian, que « les dispositifs sont prêts mais il n’y a pas le carburant dans la machine. »