Municipales 2026 : après la candidature d’Union pour Gap, les espoirs d’une alliance à gauche fragilisés mais pas (encore) détruits

En 2020, deux listes de gauche étaient candidates aux élections municipales à Gap. Une fois n’est pas coutume, la gauche gapençaise espère donc parvenir à une liste d’union pour 2026. Une réunion intergroupe est prévue ce mois de janvier, mais le lancement précoce d’Union pour Gap dans la course aux municipales sans Ambitions pour Gap – principale force d’opposition, a considérablement fragilisé cet objectif. Décryptage.

Il faudrait presque un arbre généalogique pour comprendre la composition des groupes de l’opposition de Gap.

En 2020, Ambitions pour Gap (Liste citoyenne) et Gap Autrement (PS) obtiennent respectivement 7 et 2 sièges au conseil municipal. En 2022, Eric Garcin et Isabelle David (EELV – Europe Écologie Les Verts), font sécession avec Ambitions pour Gap pour créer leur groupe Territoire Écologie et Solidarité, puis rejoignent Gap Autrement en juillet 2024 au sein d’Union pour Gap (PS, EELV).

Le 17 décembre 2024, Union pour Gap a annoncé officiellement être candidate pour 2026 avec à sa tête Élie Cordier, se présentant comme une liste d’union de la gauche, semblant faire abstraction du fait qu’Ambitions pour Gap reste le groupe majoritaire au sein de l’opposition.

Oui mais… existe-t-il des critères objectifs pour définir quel groupe politique pèse plus que l’autre, lequel est le plus légitime à incarner l’ensemble de la gauche ? Faut-il compter le nombre de partis en soutien, le nombre de groupes qu’ils rassemblent, la répartition actuelle des sièges au conseil municipal, le nombre de voix obtenues aux dernières élections ?

Union pour Gap comme Ambitions pour Gap évacuent poliment la question. Puis chacun s’empresse tout de même de rappeler ce qui lui confère une certaine légitimité à peser dans les discussions en cours. Charlotte Kuentz, élue au sein d’Ambitions pour Gap.

En 2020, on a fait 33%. Je crois que c’est le meilleur score de toute la gauche à toutes les élections municipales.

Charlotte Kuentz, élue au sein d’Ambitions pour Gap

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap et dont la principale composante est Gap Autrement (PS), qui a obtenu trois fois moins de voix qu’Ambitions pour Gap en 2020, préfère compter le nombre de partis et de groupes que sa liste fédère.

Deux groupes du conseil municipal : Gap autrement et Territoires Écologie et Solidarité, et trois partis politiques : le Parti Socialiste, Europe Écologie Les Verts et le Parti Communiste. Donc on est une union avec des citoyens, cinq composantes politiques et on espère bien qu’Ambitions pour Gap sera la sixième.

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap, actuellement élu au sein de Gap Autrement (PS)

33 % certes. Mais à l’époque, Ambitions pour Gap comptait Isabelle David (EELV) et Eric Garcin en son sein, rappelle Élie Cordier. Et donc, le soutien des électeurs d’Europe Écologie Les Verts, veut-il croire. À l’inverse, Ambitions pour Gap estime que son succès de 2020 s’explique avant tout par la dimension citoyenne de la démarche. Des groupes de travail mêlant conseillers municipaux et citoyens organisés en thématiques : « l’eau », le « dossier Cristayes », ou encore « Envie de Gap » qui réfléchit aux moyens de mobiliser les citoyens. Ses « apéro assos » lui permettent de sonder le monde associatif tandis que son Conseil d’Administration doit être composé d’a minima autant de citoyens que d’élus.

En mettant en avant le nombre de partis en soutien, Union pour Gap s’inscrit plutôt dans une logique de partis. Pour autant, Élie Cordier revendique aussi un fonctionnement « citoyen ». Avec des méthodes plus traditionnelles.

Nous sommes le groupe – avec les différentes composantes d’Union pour Gap – qui a le plus construit le projet avec les citoyens puisque plus de cinq cents jours et soirées de porte-à-porte ont été effectués ces deux dernières années pour un très important travail de consultation des Gapençaises et Gapençais. Donc nous sommes très attachés à la composante citoyenne, mais il n’y a pas que la composante citoyenne en démocratie. Il y a la composante des partis politiques, des groupes qui constituent le conseil municipal et structurent la vie des élus.

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap, actuellement élu au sein de Gap Autrement (PS)


Deux groupes, deux approches

Dès le début de l’année 2024, la question du regroupement en vue des municipales est évoquée par Ambitions pour Gap, Gap Autrement et Territoire Écologie et Solidarité sans aboutir sur une réunion intergroupe formelle. Puis s’enchaînent la dissolution de l’Assemblée Nationale, les élections législatives, l’été, la rentrée et lorsqu’enfin une réunion intergroupe est programmée, le 15 novembre…

Je rappelle que l’ordre du jour de la réunion à laquelle on avait été invitée c’était de fédérer les forces de gauche. Donc nous on était là pour travailler à cette fédération autour d’un projet. En l’occurrence quand on est arrivé, l’ordre du jour a été la désignation de la tête de liste [ndlr : Élie Cordier]. Ce qui est pour nous une façon de travailler à l’envers. Ce qu’on souhaiterait c’est retourner dans la discussion avec les autres composantes de la gauche à travers un projet, une volonté et des choix pour la ville. Pour nous c’est cette méthode là et ces sujets là qu’il faut aborder.

Charlotte Kuentz, élue au sein d’Ambitions pour Gap

Définir un projet et ensuite choisir une tête de liste et pas l’inverse. Ce fonctionnement « c’est l’ADN d’Ambitions pour Gap »
martèle Charlotte Kuentz. Et cette approche prend de plus en plus de sens dans le contexte local, estime-t-elle.

Sur la ville de Gap nous avons un système hyper centralisé autour d’une personne. De nombreux citoyens et acteurs du territoire sont dépossédés du débat qui devrait avoir lieu sur beaucoup de projets. On ne peut donc pas faire l’impasse sur cette [méthode]. En fait, on ne veut pas reproduire un système qui serait la symétrie du système actuellement en place sur la ville de Gap.

Charlotte Kuentz, élue au sein d’Ambitions pour Gap

Reste que les représentations médiatiques des listes candidates aux élections municipales sont souvent focalisées sur les têtes de liste, que 2026 approche. Et ça, Élie Cordier l’a bien en tête.

Je pense que nous ne sommes pas dans les mêmes logiques. C’est à dire qu’Ambitions pour Gap est un groupe au conseil municipal qui est en pleine réflexion et Union pour Gap est une liste, une démarche unitaire de rassemblement, qui a vocation à gagner la mairie.

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap, actuellement élu au sein de Gap Autrement (PS)

Une réunion pour tenter de trouver un terrain d’entente

Une fois les groupes assis autour d’une même table, quelles conditions poseront-ils pour une éventuelle fusion au sein d’Union pour Gap ? Pour Charlotte Kuentz, il faut avant tout prendre le temps de la discussion.

Les élections municipales sont dans quinze mois, il reste du temps pour discuter et dans ces discussions on reposera les conditions ensemble. Mais je crois que c’est intéressant qu’elles soient débattues ensemble et pas imposées par un groupe ou un autre. Ça me paraît aussi faire partie d’une méthode qui présagera d’une bonne façon de gérer la ville de Gap.

Charlotte Kuentz, élue au sein d’Ambitions pour Gap

Côté Union pour Gap, une seule condition affichée.

La seule et unique condition qu’on pose c’est une cohérence de valeur et de périmètre politique. Nous on est clairement de gauche – ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas parler à d’autres électeurs qui se définiraient centristes ou d’autres tendances. Mais les valeurs qui seront portées par les membres de la liste et les personnes amenées à être élues seront de gauche.

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap, actuellement élu au sein de Gap Autrement (PS)

Et le maintien d’Elie Cordier comme tête de la liste d’union, est-ce une deuxième condition sine qua non ? Réponse en creux.

Nous, on a déclaré notre candidature aux élections municipales, ce n’est pas pour renoncer ou s’arrêter en cours de route. Encore une fois, on est dans deux temporalités très différentes.

Élie Cordier, tête de liste d’Union pour Gap, actuellement élu au sein de Gap Autrement (PS)

Selon les deux groupes d’opposition, une réunion intergroupe doit se tenir dans la première quinzaine de janvier.