La plateforme de compostage des déchets verts et alimentaires. Crédit photo/EODD ingénieurs conseils

La communauté de communes de Serre-Ponçon va expérimenter une collecte de biodéchets fin 2022

A partir du 1er janvier 2024, les collectivités locales devront proposer à tous les ménages une solution leur permettant de trier et valoriser leurs bio-déchets. La régie Smictom de la communauté de communes de Serre-Ponçon a choisi de développer une collecte séparée des biodéchets, avec un site centralisé de compostage à déchèterie d’Embrun.

On compte1965 composteurs individuels déjà installés sur la communauté de communes de Serre-Ponçon, les premiers datant de 2004. Quelques 55 professionnels sont équipés : hôtels, restaurants, centres de vacances, campings, et cantine scolaire comme à Chorges. Ainsi que 49 composteurs partagés en pied d’immeuble ou dans les quartiers. C’est chaque fois l’occasion d’une prise conscience sur le gaspillage alimentaire : quand on sort les biodéchets des ordures ménagères, on se rend compte des aliments jetés.

Mais il s’agit désormais de passer à la vitesse supérieure pour répondre à l’échéance légale de janvier 2024. Celle-ci concerne à la fois les déchets alimentaires et les déchets verts issus de l’entretien des parcs et jardins. Pour ce, la régie Smictom prévoit de combiner deux approches, avec une collecte séparées des biodéchets dans les zones les plus peuplées et un compostage in situ ailleurs. Hélène Desort, chargée du compostage à la régie Smictom de Serre-Ponçon détaille ces choix :

A terme on souhaiterait implanter 95 sites de composte de proximité, dans les quartiers. Et en parallèle, sur la RN qui ira de Chorges à Châteauroux, on développera 33 points de collecte des biodéchets, sur les secteurs qui sont plus denses (...) et et où on n’a pas forcément le foncier nécessaire pour mettre des sites de compostage partagé.

Hélène Desort

Les premiers tests de colonnes aériennes de compost auront lieu d’ici la fin de l’année 2022, avec une micro-plateforme de compost. Les colonnes d’apport - d’une contenance d’un mètre cube - seront enlevées et remplacées par des colonnes propres afin d’éviter les nuisances olfactives. Elles seront ensuite vidées et nettoyées sur le futur site de compostage au pôle déchets de Pralong à Embrun. Ce dernier devrait être opérationnel fin 2023, juste à temps.

Ce compost de qualité sera de toutes manières mis à la disposition de la population et des agriculteurs qui souhaitent enrichir leurs terres avec.

Marc Audier, élu communautaire et président de la régie Smictom de Serre-Ponçon.

La régie va se doter d’un broyeur  afin de produire elle-même les matières sèches structurantes nécessaires au compost. Ce qui permettra d’utiliser sur place les déchets verts issus de la déchetterie de Pralong. Ces déchets verts sont aujourd’hui pris en charge à la Roche-de Rame par un prestataire privé. C’est l’entreprise Gros environnement qui effectue leur broyage, les met en andain, et ramène le compost à la déchetterie. Le compost est aujourd’hui disponible à la décheterie pour 12 euros le m² et gratuitement en petites quantités en échange d’un apport de déchets verts. Ce travail de collecte et de traitement des biodéchets et déchets verts représentera 1,5 équivalent temps plein.

La communauté de communes compte quelque 15 741 habitants à l’année, avec une production de biodéchets estimée à 1400 tonnes par an. Les biodéchets représentent 32 % de leurs ordures ménagères. La régie Smictom espère collecter à terme 500 tonnes par an de biodéchets, avec une montée en puissance progressive.

Comme dans le Queyras-Guillestrois, l’enjeu économique est important. Pour inciter les collectivités réticentes à réduire leurs tonnages de déchets enfouis, l’État n’hésite pas ponctionner leurs finances. La TGAP – la Taxe Générale sur les Actions Polluantes réglée par les collectivités – va passer de 25 euros en 2020, à 65€ en 2025, avec in fine un report sur les habitants. L’objectif est également de retarder la fermeture de la décharge d’Embrun, explique Marc Audier, élu communautaire et président de la régie Smictom.

Le coût de traitement des biodéchets est bien moindre que le coût d’enfouissement. Ces biodéchets, qui sont actuellement mis dans les ordures ménagères, sont enfouis dans la décharge de Pralong, dont l’espérance de vie s’arrête en 2029, et ce jour là, il faudra emmener toutes nos ordures ménagères à la décharge de Beynon avec un coût de transport supplémentaire.

Marc Audier, élu communautaire et président de la régie Smictom de Serre-Ponçon

Pour la régie Smictom de Serre-Ponçon, le coût de l’enfouissement est de 156 euros la tonne, dont 56 euros de TGAP, contre 70 euros la tonne pour le compostage en plateforme.

La solution la moins coûteuse et la plus écologique restant bien sûr le compostage in situ. Pour une participation de 15 euros, les habitants qui disposent d’un jardin peuvent se doter d’ un composteur individuel, accompagné d’une formation d’une heure. Et la régie assure un suivi en répondant aux questions des utilisateurs.

Pour la première fois cet été, des touristes ont d’ailleurs appelé la régie Smictom pour savoir où mettre leurs biodéchets. Contrairement au Guillestrois-Queyras, la communauté de communes de Serre-Ponçon n’envisage pas pour l’instant le passage à une tarification incitative, c’est-à-dire de faire payer les usagers selon les quantités de déchets produits, comme le développe Marc Audier.

Ce projet de « déchetterie de demain » proposera de nouvelles filières de recyclage et de réemploi sur place, comme une matériothèque permettant de donner une nouvelle vie à des matériaux de construction.