Crédit photo : Florian Pépellin / Wikipédia

Comment sauver le lait de montagne ?

Comment préserver la filière « lait de montagne », actuellement en difficulté ? Un rapport d’information co-écrit par la députée haut-alpine Pascale Boyer il y a une semaine liste une série de propositions.

Grâce aux pâturages dans les prairies d’altitude diversifiées en plantes, le lait de montagne est meilleur pour la santé, avec plus d’acides gras oméga 3 et moins d’acides gras saturés, et donne des fromages « aux profils sensoriels plus complexes » que les productions de plaine, a constaté l’INRAE, l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. Et pourtant, la filière peine à se maintenir. Ainsi, en 2020, 5 milliards de litres de lait étaient collectés en montagne en France (20 % de la production nationale), un volume qui a diminué de 3,5 % en 6 ans.

Cette « déprise », constatée par les députés Pascale Boyer, pour les Hautes-Alpes, et Jean-Pierre Vigier, de la Haute-Loire, est toutefois contrastée selon les types d’élevages et les massifs. Ainsi, la collecte de lait de brebis et de chèvre a augmenté de 17 % sur cette période, alors qu’une baisse de 5 % a été constatée du côté des vaches, qui constituent cependant l’écrasante majorité de la filière. De même, certains secteurs géographiques s’en sortent mieux que d’autres, rapporte Pascale Boyer, ce qui n’empêche pas la tendance générale à la baisse.

Comment expliquer que la filière lait de montagne soit en difficulté en France ? À cause des spécificités de ces territoires qui occasionnent des surcoûts par rapport aux zones de plaine.

Or, ce secteur agricole, qui représente 65 000 emplois directs et indirects, doit être sauvé, notamment pour préserver sa contribution à l’économie et aux paysages de montagne, estiment les deux rapporteurs, qui ont auditionné une soixantaine de représentants de la profession agricole.

Pour pérenniser la filière lait de montagne, les deux députés ont formulé une série de propositions rassemblées en trois axes :

- Une filière mieux structurée et des produits plus valorisés, grâce à la création d’une « marque ombrelle » qui regrouperait les produits laitiers de montagne, et via une « spécialité traditionnelle garantie », sorte de signe officiel de qualité plus facile à mettre en œuvre ;

- Un cadre fiscal adapté, ainsi que des aides publiques spécifiques, et l’application de l’exonération de taxe carburant pour les véhicules de collecte ;

- Et une plus grande attractivité des métiers du secteur, en lançant une campagne de communication sur les écoles concernées, et en améliorant les conditions de vie et de travail en montagne.

Concernant les Hautes-Alpes en particulier, Pascale Boyer espère que la procédure en cours d’AOP (appellation d'origine protégée) ou d’IGP (indication géographique protégée) sur le Bleu du Queyras et la Tomme du Champsaur consolidera la filière. La députée souligne également l’importance de la transformation locale, mais aussi de la consommation locale via les cantines, et recommande le rapprochement avec des groupes nationaux qui valoriseraient le lait avec des produits de niche et de qualité.

Pascale Boyer et Jean-Pierre Vigier, par ailleurs élus à l’association nationale des élus de la montagne, présenteront leurs préconisations au ministre de l’agriculture en octobre.