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Bilan de mi-année pour le loup : davantage de prédation, de prédateurs éliminés, et des effectifs qui semblent stables

La première moitié de 2025 se distingue par une forte hausse des dégâts causés sur les troupeaux ainsi que du nombre de loups tués. Le CNRS et l’OFB signalent également une meilleure précision du calcul des effectifs, qui tendraient vers une « stabilisation ».

Depuis le mois de juin dernier, les tirs envers le loup sont davantage contraints. Il faut désormais attendre une deuxième prédation lupine moins de quatre mois après la première, malgré la mise en œuvre des moyens de protection, pour pouvoir mandater les louvetiers. Le même genre de mesure avait déjà été activé les deux années précédentes, selon les services de l’État.

Cette décision de la préfète coodinatrice sur le loup, Fabienne Buccio, est justifiée par une « forte dynamique de destruction des loups » durant les six premiers mois de 2025 : au 12 juin, 67 de ces prédateurs ont été tués en France, « un chiffre inédit à cette époque de l’année » souligne la représentante de l’État. Cette situation « hypothèque grandement la possibilité de conserver des capacités de défense des cheptels jusqu’à la fin de l’année », estime la haute fonctionnaire, d’où cette nouvelle contrainte.

En effet, le nombre de loups dont la destruction peut être autorisée ne doit pas dépasser un certain plafond, fixé à 19 % de l’estimation de la population. En 2025, il est de 192 individus, 17 de moins que l’an dernier. Le dernier bilan des tirs en date, au 25 juillet, fait état de 88 prédateurs tués, légalement ou non, dont 9 dans les Hautes-Alpes. Le nombre de braconnages est à signaler : 12 actuellement, soit déjà un de plus que sur l’ensemble de 2024.

L’augmentation de l’élimination des loups pourrait être liée à l’aggravation de leur prédation sur les troupeaux. À titre d’exemple, une comparaison avec la même époque en 2023* montre une hausse de plus de 50 % d’animaux tués dans les élevages au 31 mai, plus de 4 000 selon le recensement officiel. Dans les Hautes-Alpes, près de 90 bêtes ont été prédatées dans les 5 premiers mois de 2025.

Environ un millier de loups en France

En parallèle de ces suivis, le CNRS, centre national de la recherche scientifique, et l’OFB, office français de la biodiversité, ont publié en avril dernier leur estimation démographique du loup pour l’hiver 2023-2024. Durant cette campagne, « une nouvelle stratégie d’échantillonnage a été développée » avec pour conséquence une « nette amélioration de la précision de l’estimation », déclarent les scientifiques. Résultat, « le nombre de loups en France lors de l’hiver 2023/24 se situe vraisemblablement entre 920 et 1125 individus », avec une valeur moyenne de 1013 individus. Un nombre proche de ceux des deux hivers précédents : « l’estimation des effectifs se situe dans la même gamme » depuis l’hiver 2021-2022, notent les chercheurs.

Le CNRS et l’OFB relèvent une autre donnée : la hausse de la mortalité des loups. Leur survie annuelle a perdu une dizaine de points entre les périodes 2014-2018 et 2019-2024, passant d’environ 70 % à environ 60 %. Cette « baisse significative » est survenue lors de l’augmentation du plafond de loups tués chaque année, souligne le rapport.

Les chiffres de la démographie et de la mortalité « peuvent suggérer une tendance à la stabilisation des effectifs », concluent les scientifiques. Comment expliquer que la population reste à taille à peu près constante malgré une survie en baisse ? Le CNRS et l’OFB avancent l’hypothèse que tuer davantage de loups déstabiliserait leur structure sociale : « cela pourrait favoriser l’installation de nouveaux groupes reproducteurs et donc l’accès des individus au statut reproducteur, compensant ainsi la forte mortalité et le fort turnover des individus dans la population ». Une piste d’explication qui reste à explorer.

*Une lacune dans les données ne permet pas de comparer avec le bilan au 31 mai 2024.