Au Pays des Ecrins, une enquête pour tenter d'améliorer les conditions d'accueil des "vanlifers"

Au Pays des Ecrins, la Communauté de Communes interroge vacanciers et saisonniers qui habitent en vans ou camions aménagés pour mieux encadrer cette pratique et améliorer les conditions d’accueil. L'enjeu est d'autant plus fort que les employeurs peinent à recruter des travailleurs saisonniers dans le secteur du tourisme.

D’après la CGT des Hautes-Alpes, les difficultés de recrutement des travailleurs s’expliqueraient en bonne partie par l’accès au logement, très compliqué voire impossible par endroits faute d’appartements disponibles ou de loyers soutenables.

Ceux qui ne renoncent pas au rythme saisonnier sont parfois contraints d’opter pour la vie en camion aménagé, été comme hiver, et quand ce choix est subi il ne satisfait personne. D’un côté, les saisonniers vivent dans des conditions difficiles, particulièrement en hiver. De l’autre, l’augmentation du nombre de véhicules sur des sites non-aménagés inquiète certains élus locaux.

Pour tenter résoudre cette problématique, la Communauté de Communes du Pays des Écrins a lancé une enquête afin de connaître les habitudes et les besoins des saisonniers et vacanciers qui logent en van ou camion.

L'enquête s’appuie sur deux approches : un questionnaire en ligne, distinct pour les saisonniers et les vacanciers ; une enquête de terrain réalisée par des binômes qui se rendent sur les sites identifiés comme « points d’atterrissage » de camions aménagés pour échanger de vive-voix. Entre autres : la Pousterle, Rama, Ailefroide, Rocher Baron, Freissinières... Cette approche complémentaire de l’enquête en ligne limite le biais de participation lié à l’utilisation du numérique. Il permet également des échanges plus riches et une compréhension plus fine que les questionnaires, selon les personnes chargées de ces enquêtes.

En s’appuyant sur les résultats, la Communauté de Communes du Pays des Ecrins et les communes touristiques « envisageront des solutions pour améliorer les conditions d’accueil des travailleurs et voyageurs en véhicules aménagés » dans neuf communes : Champcella, Freissinières, La Roche de Rame, L'Argentière-La Bessée, Saint Martin de Queyrières, Les Vigneaux, Vallouise-Pelvoux, Puy Saint Vincent. Une deuxième enquête sera conduite cet hiver pour être certain de toucher le plus large public possible. À ce stade, la Communauté de Communes n’émet pas de piste de solution et se concentre sur le diagnostic, mais les premières réalisations pourraient débuter l’année prochaine.

Enquête en ligne : vacanciers, travailleurs

Reste que la réponse à apporter au problème structurel de l’accès au logement pour les saisonniers ne pourra pas se limiter à des aménagements pour accueillir des véhicules. Cette catégorie de travailleurs qui revendique de meilleures conditions de travail ne se contentera sûrement pas de parkings pour vans et camions.

Loin d'être propre aux Hautes-Alpes, cette difficulté touche plus largement les territoires touristiques.

Dans ces territoires, les loyers tendent à être de plus en plus déconnectés du niveau de vie des locaux et saisonniers. Ces lieux de vie prisés se distinguent par des taux de résidences secondaires extrêmement élevés, à l’instar de certaines villes en Bretagne. Sur la côte, des internats de lycée ont dû y être ouverts en urgence aux travailleurs pour faire face à la pénurie de saisonniers. Paradoxe : pour maintenir une activité touristique, il faut des saisonniers, mais lorsque l’attractivité touristique devient importante, ces travailleurs désertent.

Et dans les Hautes-Alpes, l'enjeu de l’accès au logement pourrait aussi faire l’actualité du mois de septembre.

Dans le 05, les chiffres 2019 de l’INSEE donnaient 46 % de résidences secondaires – c’était avant la pandémie de Covid 19 et le boom immobilier haut-alpin relevé par la Chambre des Notaires. Une mobilisation pour interpeler les élus est d’ailleurs annoncée du 16 au 18 septembre sur le site de la Garenne à Crots. Les collectifs Adieu Glacier 05, Extinction Rébellion et Non au golf de Serre-Ponçon y dénonceront « une épuration sociale en cours» du fait de la hausse des loyers et prix des logements qui les rendent inaccessibles aux locaux et saisonniers.